La pénurie de la variété de riz dont le prix était à la portée des bourses modestes persiste à Niamey malgré l’arrivée de convois des camions de marchandises par l’axe Burkina. L’amélioration sensible de l’offre sur le marché à laquelle on s’attendait avec l’arrivée le 4 octobre 2023 du convoi de près de 400 camions transportant des marchandises diverses n’a pas été au rendez-vous.
Du coup, les Nigériens se demandent sur la base de quelle disponibilité de l’aliment, l’équipe du ministre du Commerce et de l’Industrie a eu une séance de travail avec les responsables des établissements Houdou Younoussa pour fixer le prix de vente du sac de riz 25kg au consommateur final à 13.500 Fcfa.
L’interrogation est justifiée parce qu’on ne trouve pas encore ce riz de 13.500 F F CFA dans les marchés de la capitale encore moins chez les épiciers des quartiers où de nombreux ménages de la capitale se ravitaillent généralement. Ironie, même au niveau des établissements de l’importateur en question, ladite variété de riz n’est pas disponible.
Du coup, les longues files d’attente continuent d’être observées chaque jour devant les établissements de l’importateur Idrissa Larabou où le sac de 25kg est vendu à 12.500 Fcfa, comme s’il s’agit d’une opération de distribution gratuite de vivres à des nécessiteux. Ce spectacle humiliant et choquant a cours depuis plusieurs semaines à Niamey.
Les consommateurs se bousculent devant les magasins de vente du grossiste pour s’en procurer parce que dans les marchés et les commerces de quartiers, ils n’en trouvent pas. Au niveau des rares endroits en ville où quelques stocks sont encore disponibles, c’est la spéculation ; les commerçants continuent de pratiquer des prix oscillant entre 15.000 et 20.000 le sac de 25kg, à prendre ou à laisser, pour des variétés de riz dont la qualité est même parfois douteuse.
Qu’est-ce qui explique cette non-indisponibilité du riz Houdou Younoussa dont le prix consommateur final est plafonné à 13.500 FCFA chez les commerçants détaillants des marchés des quartiers alors qu’un important stock est arrivé dans le dernier convoi de marchandises du 4 octobre ? Hachimou Abarchi, un boutiquier de quartier justifie cette situation par le fait qu’il s’approvisionne auprès d’un demi-grossiste qui ne lui accorde aucune marge bénéficiaire.
‘’Mon fournisseur habituel cède le sac de 25kg à 14.000 Fcfa actuellement alors que le prix de vente client est fixé à 13.500 Fcfa par les autorités. Si j’achète à ce prix, je ne m’en sortirai pas ; c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de suspendre momentanément la vente du riz, en attendant l’éclaircie’’, déclare Abarchi.
Fourberie des grossistes
Les importateurs grossistes ne jouent pas la carte de la transparence, selon un commerçant de vivres, qui nous a édifiés sur ce qu’ils font. ‘’Presque tous les importateurs de riz travaillent avec des demi-grossistes disséminés dans le pays. Lorsque les camions arrivent, au lieu de tout débarquer au niveau de leurs entrepôts, ils font acheminer directement des camions entiers à leurs demi-grossistes pour leur dire de vendre à un prix majoré’’, a expliqué la source.
Dans le convoi du 4 octobre, par exemple, un des gros importateurs de la place dont nous tairons ici le nom a réceptionné une trentaine de camions de riz, mais il n’a pas déchargé un seul sac dans ses magasins, préférant les dispatcher directement aux demi-grossistes avec qui il travaille à Niamey et à l’intérieur du pays, selon notre source.
‘’A Niamey, les commerçants demi-grossistes qu’il a servis au coût de 14.200 FCFA le sac de 25kg sont ceux de Soni, de Wadata, de Haro-Banda, de Yantala, qui ont bénéficié de 20 camions. Quitte à eux de le revendre à 15.000 Fcfa voire plus aux détaillants pour lever leur bénéfice. A l’intérieur du pays, il a acheminé 10 camions. C’est ça la stratégie de vente qu’il a préféré adoptée pour maximiser son gain’’, a dénoncé le commerçant.
L’importateur de la denrée alimentaire, qui joue à ce jeu sournois et potentiellement dangereux dans ce contexte de pénurie du riz lié à l’embargo de la CEDEAO contre notre pays, feigne d’ignorer que ce son nom et son adresse complète qui sont estampillés sur les sacs, aucun des demi-grossistes avec qui il travaille ne dispose d’une licence.
Pour Habibou Gado, SG du syndicat national des agents des transits (SYNAT), ‘’les autorités de la transition doivent sévir durement contre ce genre de pratiques frauduleuses visant à accentuer la souffrance des consommateurs, à partir du moment où elles ont consentis de facilités aux commerçants’’.