L’attitude de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) vis-à-vis du Niger représente un échec diplomatique retentissant qui soulève des questions fondamentales sur son efficacité et sa légitimité en tant qu’organisation régionale. Lors de son point de presse du 25 janvier 2024, le Premier ministre Lamine Zeine a mis en lumière un fiasco, un échec qui ne peut être considéré comme un simple accident de parcours, mais plutôt comme le symptôme d’une maladie profonde au sein de l’organisation.
La CEDEAO, créée pour favoriser l’intégration économique et la stabilité politique en Afrique de l’Ouest, semble avoir perdu de vue ses principes fondateurs. En négligeant sa responsabilité envers le Niger, un État membre en crise, l’organisation a non seulement démontré un manque flagrant de solidarité, mais aussi révélé une inquiétante tendance à l’instrumentalisation politique. Quelle crédibilité peut-on encore accorder à une institution qui, au lieu de servir de pont entre les nations, se transforme en mur de l’indifférence ?
Ce comportement n’est pas seulement déplorable ; il est inexcusable. En se dérobant à ses responsabilités en tant que médiatrice, la CEDEAO a trahi les idéaux de coopération et de soutien mutuel qui sont censés être au cœur de son action,envoyant ainsi un message clair à ses autres États membres : en période de crise, ne comptez pas sur la CEDEAO.
L’absence de la CEDEAO lors de ces cruciales négociations est une marque de mépris non seulement pour le Niger – en proie à des sanctions dépourvues de toute légitimité juridique, qui a tout fait pour se conformer aux attentes de l’espace communautaire – mais également pour l’ensemble de ses membres. Cette indolence diplomatique souligne une réalité troublante : la CEDEAO, au lieu d’être un moteur de solidarité, est devenue un vecteur d’isolement et de désunion. Elle se trouve à la croisée des chemins, entre sa survie en tant qu’entité respectée et le risque de sombrer dans l’obsolescence.
Face à cette situation désastreuse, un sursaut est impératif. La CEDEAO doit impérativement se réinventer, redéfinir ses priorités et se reconnecter avec les valeurs fondamentales de solidarité et de coopération qui devraient animer ses actions. Si elle échoue à se réformer, à reconnaître ses erreurs et à prendre des mesures concrètes, elle se condamne à devenir une coquille vide, un vestige anachronique d’une époque révolue, privée de toute légitimité et de tout respect dans le concert des nations.