En ce début d’année 2024, le Niger se trouve à un tournant politique crucial. Au cœur de ce bouleversement, le sort de l’ex-président Mohamed Bazoum, retenu en résidence surveillée depuis le coup d’État orchestré par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) le 26 juillet 2023. Ce climat de tension est exacerbé par les discussions intensives entre le CNSP et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)
Diplomatie et pressions régionales
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), jouant un rôle de médiateur via le président togolais Faure Essozimna Gnassingbé, s’est impliquée activement dans la résolution de la crise politique au Niger. Le 3 janvier 2024, le président Gnassingbé a rencontré discrètement les dirigeants de la junte à Niamey. L’objectif était de discuter des voies possibles pour sortir de la crise qui oppose le Niger à la CEDEAO, cette dernière maintenant des sanctions économiques en réponse au coup d’État du CNSP du 26 juillet 2023.
Les exigences de la CEDEAO
La libération de Mohamed Bazoum et d’autres anciens ministres, dont Ibrahim Yacouba récemment arrêté et incarcéré à la prison civile de Niamey, serait une des conditions principales posées par la CEDEAO. Elle demande également la levée des mandats d’arrêt contre les exilés politiques du régime de Bazoum Mohamed, dont l’ancien ministre des Affaires étrangères Hassoumi Massaoudou et l’ex-Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou.
Un autre point clé abordé par la CEDEAO concerne la durée de la transition politique au Niger. L’organisation régionale espère obtenir un engagement du CNSP pour une transition n’excédant pas 18 mois, avec l’objectif de remettre le pouvoir à des autorités civiles élues d’ici 2025. En échange, la CEDEAO envisage de lever les sanctions économiques et financières imposées au Niger.
Compte rendu et réunions futures
La visite de Faure Gnassingbé a été suivie d’un compte rendu lors d’une visioconférence le 4 janvier 2024, impliquant les présidents de plusieurs pays membres de la CEDEAO, dont le Nigeria, le Bénin et la Sierra Leone. Il a été convenu qu’une mission de la CEDEAO, composée de ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays membres (Robert Dussey du Togo, Shegun Bakari du Bénin, David Francis de la Sierra Leone et Yusuf Tuggar du Nigeria) se rendrait à Niamey pour continuer les discussions.
Initialement prévue pour le 10 janvier 2024, la mission de la CEDEAO a été reportée à la demande du gouvernement nigérien, selon RFI. La nouvelle date prévue aux alentours du 25 janvier 2024 soulève des questions sur les intentions et les stratégies du CNSP.
Commentaire : entre espoir et prudence
La situation au Niger illustre la complexité des crises politiques en Afrique de l’Ouest. La résolution pacifique de cette crise dépendra fortement de la volonté du CNSP à accepter un compromis et de la capacité de la CEDEAO à maintenir une pression diplomatique efficace. La libération du président déchu, Mohamed Bazoum, pourrait représenter un pas significatif dans ces négociations. Toutefois, l’attitude prudente du CNSP et le report de la mission de la CEDEAO suggèrent un chemin encore incertain. La communauté internationale, ainsi que les citoyens nigériens, attendent avec espoir mais aussi avec une certaine appréhension les développements à venir.