Ne vous y trompez pas. Notre région de l’Afrique de L’Ouest vit des moments historiques, décisifs, aptes à forcer chaque compatriote à choisir son camp, car au final, on en arrivera à ce choix crucial, la dichotomie s’opérant entre les panafricanistes qui se battent pour recouvrer une part sensible de notre souveraineté et les suppôts (conscients ou inconscients) du néocolonialisme qui ne rêvent que de nous ramener au statu quo ante. Parmi ces derniers, il y a nécessairement des patriotes sincères, mais simplement aliénés au plan culturel. Ceux à qui on a inculqué que la démocratie de type libéral est l’Alpha est l’Omega de toute chose. Décryptage.
Les épigones des ‘’Evolués’’
On appelait ‘’évolués’’ les Noirs qui singeaient les Blancs mais cependant sans y parvenir. Aussi étrange que cela puisse paraître, la prise de conscience de notre africanité est allée de paire avec celle du panafricanisme, contrairement au processus du panarabisme, ou du pan-européanisme.
Selon le Sociologue Jean Ziegler, (dans ‹‹ Main basse sur l’Afrique›› – la recolonisation››, éditions Points Actuels), « le panafricanisme est pur idéalisme. La personnalité Africaine, transclassiciste, ahistorique, non contingente et universelle, est d’une irréalité totale. L’idéalisme est une erreur partout et toujours. Il n’a jamais permis de saisir concrètement une situation » . Ce faisant, le sociologue Suisse pose la vieille querelle des existentialistes voulant savoir si l’essence précède l’existence, la force du symbole sur le poids inertiel des réalités. Comment est né le rêve panaméricain de Simon Bolivar ? Comment peut-on aujourd’hui parler du paneuropéanisme sans une dose d’idéalisme imbriquée dans le pragmatisme ? Ziegler lui-même, et dans le même ouvrage, met dans la bouche de Kwameh Nkrumah l’assertion que « le néocolonialisme est le stade suprême de l’impérialisme, avatar du capitalisme, invitant ainsi à une riposte continentale et non fragmentaire. Le panafricanisme recèle l’idée vitale d’union et s’en détourner c’est inévitablement cultiver la désunion. »
La procrastination des élites
De facto, notre continent est coupé en deux. L’Afrique du nord et l’Afrique subsaharienne. Le panafricanisme qui a pignon sur rue, aujourd’hui, ne s’adresse qu’aux peuples de la partie méridionale du continent. Et depuis 64 ans d’indépendance (formelle), l’élite intellectuelle a fait preuve d’une procrastination coupable. A sa décharge, certains parmi elle, ont essayé, vaille que vaille, de lancer la dynamique d’union, mais ils ont été vite bloqués par les forces dominantes (occupantes, dirions-nous) étouffant dans l’œuf toute tentative allant dans ce sens, au nom du sacro-saint principe que pour régner il faut diviser. Du reste, jusqu’aujourd’hui, jusqu’à l’heure où vous lisez cet article, le maillage savant de nos populations par les séides du néocolonialisme n’a pas une autre fonction que de maintenir cette chape de plomb.
Résurgence d’une idéologie
Nathalie Yamb, Kemi Séba, Alain Foka et bien d’autres encore, au-devant de la scène ou dans l’ombre, œuvrent, sans relâche, pour le recouvrement total de notre souveraineté. Ceux d’en face ayant une configuration planétaire, la riposte efficiente exige un habillage continental voire, tricontinental. Et c’est alors que le concept du panafricanisme trouve tout son sens. En réalité si l’on va au bout du raisonnement, le panafricanisme se réduit essentiellement à une lutte âpre, sans merci, sans concession, contre le néocolonialisme et toutes ses inductions. Autrement dit, à son point culminant, le Sud global contre, prioritairement, l’Europe. Ce qui veut dire que les USA, la Chine populaire, la Russie et d’autres pays du BRICS ne sont pas en première ligne dans cet affrontement planétaire. Quelle que soit la soupape de sûreté que l’on mettra sur le moteur, elle ne tiendra pas, l’explosion au ralenti àdéjà commencé. C’est cette résurgence irrépressible de fortes personnalités, prêtes au sacrifice ultime, pour porter l’étendard de la révolte, voire de la prise de conscience. L’une engendrant l’autre. Ainsi renaît de ses cendres, tel un Phénix, une idéologie que l’on croyait enfouie dans les oubliettes de l’Histoire. Cette tendance à tout remettre à demain, la procrastination qui semble être notre seconde nature, est balayée par une vague de fond qui déferle dans les Etats Sahéliens, dont le nôtre, le Niger. Rien ne peut freiner cet impétueux élan des panafricanistes. Les digues naturelles dressées pour cette fonction prévisible sont en train de céder sous le poids des déferlantes venues du fond des âges. Et comme il se doit, tout ayant commencé au Sénégal, tout recommencera au Sénégal, c’est-à-dire, le reflux d’une domination factice. Si le Sénégal tombe du côté des progressistes que sont les Nigériens, les Burkinabés et les Maliens, les Ivoiriens n’attendront pas longtemps pour suivre le mouvement. Étant entendu que des pays comme la Guinée, le Togo ou le Tchad ont déjà fait un pas dans la bonne direction. Et si le Sénégal demeure la tête de pont d’une possible recolonisation de notre continent, alors la fin du combat sera différé pour quelques années ou décennies encore. Tous les Patriotes Africains n’ont qu’une seule idée en tête, un seul souhait primordial à formuler : que le pays de la Teranga suive et défriche le sentier lumineux qui attend l’Afrique. Or, nous le savons, les grands magnats du complexe militaro-industriel français, ont fait d’Emmanuel Macron, leur choix tactique, pour ce moment de transition économique, au plan mondial. Et Macron sait, qu’il est tenu d’obéir aux doigts et à l’œil aux desiderata de ces gourous inclus dans un dispositif couvrant toute la planète, y compris le Sahel, donc le Niger, qui n’est qu’une petite part de la donne globale. Les panafricanistes le savent et attendent de pieds fermes le déroulé prévisible.