La Renaissance a mis la main à la pâte pour constituer une société civile de pacotille autour d’associations coupées de la population du fait de leur indifférence aux problèmes sociaux de la majorité, mais aussi de leurs liens trop évidents avec le pouvoir en place privant ainsi ces mouvements associatifs de ce qui leur restait d’autonomie et de crédit. A preuve, la crise qui secoue actuellement le mouvement M62.
Baptême du feu réussi
3 août 2022. La date est symbolique en ce sens qu’elle coïncide avec le 62ème anniversaire de la date de proclamation de l’indépendance du Niger. C’est le jour choisi par une quinzaine d’organisations de la société civile de notre pays pour lancer le mouvement dénommé “M62 : Union sacrée pour la sauvegarde de la souveraineté et de la dignité du peuple” – Moutouncthi Bourtchintarey-. La démarche n’est pas inédite en soi. Les Nigériens sont, pour ainsi dire, coutumiers de ce genre d’initiative. La particularité du M62 tient du fait qu’il est apparu à un moment où notre pays est en proie à des difficultés sociales d’une intensité jamais connue auparavant. D’autre part, cette coalition a vu le jour à une période où la présence militaire étrangère est de moins en moins tolérée par une grande frange de la population. Ce n’est donc pas un hasard si le M62 a tout de go appelé à une journée de protestation à travers une marche pacifique suivie de meeting pour : la levée de la mesure d’augmentation du prix du gasoil et contre la vie chère et le départ immédiat de la force barkhane de notre pays. À Niamey, la manifestation de ce 18 septembre 2022 a drainé du monde au-delà des attentes des dirigeants de M62. Le président de la République a beau minimiser l’ampleur de cette marche (moins de 500 personnes, à l’en croire), la vérité reste tout autre : le M62 a réussi son baptême du feu.
La guerre de leadership
Ça se bouffe le nez au sein de l’instance faîtière de M62. Deux petits mois à peine après sa mise en orbite, la coalition est déjà secouée par un clash d’égos sur fond de petites cachoteries. Qui dirige le M62 ? C’est par communiqué et autre point de presse que chacun des deux blocs qui se disputent les rênes du mouvement a tenté de répondre à cette question. La semaine dernière, les divergences ont été étalées au grand jour, les piques assassines n’ont pas manqué. Mais une réalité n’a pas été soulignée par aucun des protagonistes, à savoir que le régime en place n’est pas étranger à cette querelle. Des deux côtés, l’on s’échine à cacher son jeu. L’on tente d’avoir le beau rôle pour s’offrir l’estime de l’opinion publique. Mais la vérité est que certains de ceux qui s’étripent pour le contrôle du mouvement ont, d’une manière ou d’une autre, des accointances avec le pouvoir en place. Certains membres de M62 ont-ils fait allégeance au pouvoir à l’exemple d’autres acteurs de la société ‘’incivile’’ ? Est-ce cela qui explique pourquoi le mouvement est traversé par une guerre de leadership ? Quel crédit doit-on désormais accorder à la coalition M62 ?
C’est le pouvoir qui gagne
Double-jeu, coups de poignard dans le dos, encaissement de bakchichs en toute discrétion, le jeu auquel se livrent certains membres de M62 n’est point nouveau dans la sphère de la société civile nigérienne. Ils sont nombreux ceux qui se sont servis de la société civile comme passeport pour leur promotion personnelle. Poste ministériel, conseiller à la présidence de la République et autres fonctions, beaucoup sont passés par le canal de la société civile pour s’assurer le gîte et le couvert aux frais de la princesse. Quel avenir pour le M62 ? Bien malin celui qui peut répondre à cette question. Que ce soit l’émiettement ou la disparition pure et simple de cette coalition, ces scénarios ne peuvent qu’arranger les affaires du pouvoir en place. C’est sûr.