Le Niger ayant porté plainte contre la CEDEAO, la Cour de Justice de cet organisme tranchera le différend le 7 décembre 2024. Quelques jours après, c’est-à-dire le 12 décembre il est prévu une conférence des chefs d’Etats et de gouvernement, organe dirigeant de la CEDEAO. Cette assise s’est assignée la mission de trancher dans le vif du sujet le cas spécifique du Niger, en oubliant, soit dit en passant, fort opportunément, que cet Etat est intégré dans un ensemble sous régional de solidarité, ensemble qui a pour nom l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Ce n’est pas, pour le moment, stricto sensu, une fédération, mais cela s’en approche très lisiblement.
Ou ça passe, ou ça casse
Dans quelques jours, la conférence des chefs d’Etats et de gouvernement, à laquelle pourra prendre part les missi domici de l’UEMOA décidera si les sanctions contre le Niger seront levées partiellement ou totalement, ou si au contraire, elle maintient sa posture rigide consistant à faire souffrir 26.000.000 d’âmes. Ceci indépendamment des décisions de la Cour de Justice.
Dans la première hypothèse, tout le monde poussera un ouf de soulagent. Dans le second cas, seul Dieu sait ce qui peut en advenir. On peut tenir pour acquis la désintégration immédiate de l’UEMOA et, probablement, le délitement lent et inexorable de la CEDEAO. Il ne faut pas s’y tromper. La CEDEAO n’est pas aussi unie que l’on pourrait le penser. Des blocs entiers de cette organisation sont susceptibles de s’en détacher, pour prendre le large, ou se rapprocher des patriotes que sont les Nigériens, Burkinabé, Maliens, et Guinéens. C’est indubitable. Inéluctable.
Même en cas d’entente plus ou moins cordiale, rien ne dit que la dynamique précitée pourra être évitée. Mieux encore, on peut d’ores et déjà pronostiquer que le Franc CFA, donc l’UEMOA, et par ricochet, la BECEAO, ne survivront pas à l’année 2024. Ça ne fait pas un pli. Dès que le Franc CFA s’écroulera, automatiquement, c’est tout une série d’organismes ‘’éléphants blancs’’ qui suivront le même mouvement. Un vrai toilettage des économies de nos pays. En vérité, nous sommes en droit de prédire : « ça passe et ça casse !»
Des signes précurseurs
Une levée, ou un assouplissement, des sanctions contre le Niger sera, nécessairement, précédé d’un appel du président déchu. C’est vraiment le moins que l’on puisse lui accorder, après lui avoir fait rêver d’un retour problématique sur son fauteuil présidentiel.
Le maître du jeu étant Emmanuel Macron, comme tout le monde le sait, il veillera normalement au fait que son ami et protégé puisse tirer un bénéfice quelconque de la prétendue mansuétude de la CEDEAO. Qu’à cela ne tienne ! Les Autorités Nigériennes en place, ne sont pas vindicatives. Peu avant la tenue de la conférence susdite, on apprendra que l’ex président détenu par les putschistes, Mohammed Bazoum a, soit démissionné, soit demandé la clémence de l’organisme sous-régional, pour son pays, soit les deux, toujours sous la férule du maître d’œuvre devant l’Eternel, Sa Seigneurie Emmanuel Macron. Les ombres chinoises qui se meuvent dans les coulisses, vont se préciser, au fur et à mesure du modus operandi savamment élaboré. Au bout du processus, le Niger y laissera quelques plumes, du fait de son inexpérience. Qu’importe ! Ce sont les leçons de la vie d’une Nation. Nous apprenons vite et bien. Demain, ce sera coton de nous duper comme par le passé. Qu’on se le dise !
Le sommet de tous les dangers
Un jour, peut-être, il nous faudra élever une statue d’Emmanuel Macron, sur une de nos places publiques, en guise de reconnaissance profonde, pour ses efforts inlassables et probants en faveur de l’émancipation de nos Etats, en butte à des défis existentiels. Qui, plus que lui, a réussi à faire comprendre aux Africains, surtout ouest- Africains, la nécessité et l’urgence que leur salut réside dans le recouvrement de leur souveraineté totale. Avec des erreurs grossières de jugement au Mali, au Burkina Faso et au Niger de Macron, ces trois pays se sont depuis, émancipés de la tutelle de l’ex puissance dominante. Il aurait planifié avec minutie et rigueur de tels résultats, qu’il n’aurait pas pu faire mieux. Merci Macron !
L’argument-massue que la conférence des chefs d’Etats de la CEDEAO met en exergue pour justifier son blocus économique criminel contre le Niger, c’est d’ânonner qu’en matière judiciaire, tout ce qui n’est pas expressément interdit par la loi, est permis. Donc, si l’on suit son raisonnement spécieux, demain le Niger peut attaquer le Benin, se basant sur une raison fallacieuse quelconque. Ce n’est pas expressément interdit par les textes, donc c’est permis. Mais la lettre des textes et des lois est une chose, et l’esprit en est une autre.’’