Le nouvel Accord global de partenariat (AGP) paraphé la semaine dernière par le ministre des Mines au titre du gouvernement et le président d’Orano Mining pour la poursuite des activités minières de la société française Orano dans notre pays comporte des zones d’ombre, qui ne rassurent guère certains acteurs associatifs intervenant dans le domaine des industries extractives.
Cet accord s’étale sur 7 ans (2023-2030) et prévoit un certain nombre de réalisations en faveur de l’Etat afin de contribuer au développement économique local et au bien-être des populations dont le financement est pris en charge par Orano Mining et ses filiales à hauteur de 40 millions d’Euros, soit 26.238.280.000 Fcfa sur la période sus-indiquée.
Au nombre de ces réalisations, il est prévu la construction d’internats pour jeunes filles, le renforcement des capacités de l’administration des mines de la région d’Agadez et une contribution à la mise en place d’une unité d’assemblage de panneaux solaires photovoltaïques, lit-on dans la rubrique ‘’engagement sociétal d’Orano Mining’’ de l’accord.
A ce niveau déjà, les acteurs associatifs dénoncent la baisse drastique de l’enveloppe financière consentie par Orano pour les projets de développement, comparativement à celle obtenue lors des négociations de 2014, qui s’élevait à 76 milliards de FCFA, rappelle-t-on.
‘’Qui va gérer cette enveloppe de 26 milliards ? Les populations seront-elles impliquées par l’Etat dans la définition des priorités ? Quel mécanisme de suivi est-il prévu pour s’assurer qu’Orano Mining débloquera effectivement le montant annoncé ?’’, interroge Almoustapha Alhacen, coordinateur de la société civile d’Agadez.
La seule précision apportée dans l’accord sur les priorités, c’est que ‘’les deux parties’’ ont convenu de construire prioritairement les internats pour jeunes filles d’ici 2026’’. Pour le reste, il est seulement indiqué que ‘’les modalités pratiques de ces projets sociétaux ainsi que l’enveloppe financière à allouer à chaque projet dans la limite de l’enveloppe global feront l’objet d’un ou plusieurs protocoles complémentaires que les parties s’obligent à négocier et signer dans les meilleurs délais possibles’’. N’aurait-il pas fallu élaborer un calendrier de négociations pour la signature de ces protocoles complémentaires ?
La gestion des fonds n’est pas la seule source d’inquiétude. Alhacen dit ne pas aussi comprendre l’inscription du volet réhabilitation du site de la Cominak dans le nouvel accord. ‘’Cette question de réaménagement du site, nous l’avons discutée et entérinée depuis 2020 avec le montant nécessaire à la réalisation des travaux. C’est malheureux de ramener encore la préoccupation’’, affirme-t-il, estimant que cela n’est pas du tout ‘’acceptable’’.
Le coordinateur de la société civile d’Arlit juge également déplorable l’abandon du projet initial d’exploitation d’Imouraren par Orano au profit d’un nouveau type de projet pour la mise en valeur du même gisement uranifère.
Au regard des nombreuses zones d’ombre et de la maigreur de l’enveloppe financière annoncée pour le développement économique local, les activistes du secteur extractif pensent que notre pays est une fois de plus grugé par Orano à travers ce nouvel accord.
Par la volonté des Renaissants au pouvoir, la société française du nucléaire civil s’en tire, à nouveau, à bon compte. Il faut, à présent, attendre de voir la concrétisation des projets annoncés.
Dans l’accord de 2014, la société Areva (devenue Orano aujourd’hui) avait promis la réhabilitation du tronçon Tahoua-Arlit pour un coût de 90 millions d’Euros, la construction du siège social de ses sociétés minières ainsi que la mise en valeur de la vallée de l’Irhazer à hauteur de 11 milliards Fcfa.
De tous ces engagements, seule la construction du siège des sociétés est effective. La réhabilitation de la route n’est pas encore achevée, le développement de la vallée de l’Irhazer reste au stade d’annonce.