Le 16 septembre 2023, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont signé la Charte du Liptako-Gourma instituant une Alliance des États du Sahel (AES). En plus de partager la même zone géographique, les trois États voisins sont également dirigés par des militaires. À l’occasion d’une réunion à Niamey de leurs Premiers ministres, en décembre 2023, les trois pays ont annoncé leur volonté de renforcer leur coopération. Ils ont « décidé à partir de cet instant de tenir des commissions de coopération unifiées », au lieu de commissions bilatérales sur le sujet, a affirmé le Premier ministre nigérien Ali Mahaman Lamine Zeine. Mais les régimes militaires du Burkina Faso, du Mali et du Niger n’ont-ils pas fait un peu dans la précipitation et le sensationnel en créant l’AES ?
Le 03 décembre 1970, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont signé à Ouagadougou un protocole d’accord portant création de l’Autorité de développement Intégré de la Région du Liptako-Gourma (ALG). Objectif : l’exploitation en commun de l’important potentiel en ressources minières, énergétiques, hydrauliques, agropastorales et piscicoles que regorge ladite Région, potentiel mis au jour par une mission pluridisciplinaire CEA/PNUD organisée en 1969/1970. En raison de l’importance stratégique du Liptako-Gourma, les Chefs d’État de l’ALG ont décidé lors d’un sommet extraordinaire tenu à Niamey, le 24 novembre 2011, de sa transformation en un espace économique intégré couvrant l’ensemble des territoires des trois (3) États membres, soit une superficie de 2.781.200 km². D’où l’adoption d’un Traité révisé qui est entré en vigueur le 12 février 2018 et la modification du nom de l’organisation sous-régionale, appelée désormais ‘’Autorité de Développement Intégré des États du Liptako Gourma’’, le sigle ALG ayant été conservé. Avec la situation sécuritaire dans les trois pays qui n’a cessé de se dégrader depuis 2012, la zone des trois frontières étant devenue l’épicentre de la crise sécuritaire dans le Sahel, l’ALG a décidé, en janvier 2017, d’inscrire désormais dans sesactions le continuum ‘’Sécurité et Développement’’. Les autres domaines d’intervention sont : agriculture, ressources animales et halieutiques ; environnement et résilience climatique ; hydraulique et énergie ; infrastructures et télécommunications ; industries et mines ; coopération transfrontalière.
Comme on peut le constater, l’ALG couvre tous les secteursde la vie socio-économique et la sécurité. Elle prend aussi en compte l’intégralité des territoires couverts par les trois pays. Pourquoi donc créer une nouvelle structure (l’AES) ? Que faire maintenant de l’ALG ? Dans la Charte du Liptako-Gourma, les gouvernements des trois pays se disent ‘’ fidèles aux objectifs et idéaux de l’Autorité de Développement intégré des États du Liptako-Gourma’’. N’y aurait-il pas une certaine ambiguïté entre l’AES et l’ALG ? Pour les observateurs politiques, l’ALG devrait être réformée pour devenir une des structures fédérales de l’AES.