Après la première partie, je livre aux lecteurs les deux premières journées du précédent l’assassinat, je livre le récit sur la journée fatidique du 09 avril 1999. Les quatre prochaines suivront dans les prochaines éditions…1 –
Toute la nuit de 00 heures – 06heures en cette matinée du 09 avril je ne pouvais évidemment pas fermer l’œil, ne sachant ce que la matinée nous réservait comme surprise.
Mon esprit passa alors en revue les différentes tentatives, nombreuses, avortées d’assassinat ou de renversement du président Baré dont j’avais souvenance, notamment :
– le « bain de sang » projeté par des proches de Mahamane Ousmane déjoué dès mars 1996, soit à peine 6 semaines après le coup d’Etat du 27 janvier 1996 ;
– le projet d’attentat du 18 Novembre 1997 au retour du 7è sommet francophone de Hanoi, les assassins avaient projeté de bombarder l’avion ou de tirer à l’arme lourde sur le Président ;
– la tentative d’assassinat de décembre 1997 l’opération dénommée « Commando K » dont l’implication du chef d’Etat d’un pays voisin a été révélée ;
– la mutinerie du 30 mai 1998 de la garde républicaine devant déboucher sur un coup d’Etat ;
– la tentative d’interception ou de bombardement de l’avion du président lors de son vol direct sur Tripoli le 07 juillet 1998 et le 1er septembre 1998 ;
– la probable tentative visant à abattre l’avion du Président BARE à son retour de visite officielle à CUBA les 10 – 12 mars 1999 ;
– enfin la dernière tentative monstrueuse d’assassinat du président Baré le 02 avril 1999 au retour de son pèlerinage à la Mecque quand les assassins avaient eu l’intention d’abattre l’avion présidentiel à l’amorce de sa descente sur l’aéroport de Diori Hamani de Niamey. Celle-ci a été abandonnée au dernier moment parce que président avait, au dernier moment, embarqué de nombreux pèlerins. Puis il fit jour….
Journée fatidique du 09 avril 1999 : « ils ont eu le président. Il faut aller te cacher quelque part »….. «L’accident malheureux»
Le matin, je m’étais réveillé avec toutes les appréhensions possibles. Que se passera-t-il pendant cette journée fatidique du vendredi ? Qu’est-ce que le président a finalement décidé par rapport à son voyage sur Inatès ? A-t-il décidé de le maintenir ou alors l’a t-il reporté ? Dès mon réveil, après une nuit agitée, je vais à la rencontre de mon garde du corps qui me demande aussitôt la permission de se rendre à l’hôpital parce que expliquait-il, il avait mal au ventre. Autour de 9 heures 30 minutes après avoir reçu un journaliste régulier à mon domicile, je me rendis au bureau du Directeur de la Caisse de Péréquation, qui se trouvait être le Directeur de campagne du RDP Jama’a aux dernières élections locales organisées en février 1999. Dans son bureau, nous nous étions entretenus sur les déclarations menaçantes du FRDD et de l’AFDS de la veille et leurs impacts, sans qu’il se doute de ma préoccupation du jour.
Autour de 10 heures 30 minutes, je pris congé de mon interlocuteur qui me raccompagna jusqu’à mon véhicule stationné dans la rue. C’est au moment de rentrer dans la voiture que je reçus un appel téléphonique sur mon portable revox de la part de mon garde du corps me disant : « ils ont eu le président. Il faut aller te cacher quelque part ».
Je lui posais la question : « tu es où ? »
Il répondit : « je suis à l’hôpital ».
Mais, à peine après avoir raccroché avec lui, je reçus un second appel téléphonique d’un ministre qui me confirma ce que je venais d’entendre. Plus de doute.
A présent que j’avais la confirmation que le président avait été atteint, que fallait-il que je fisse ? Tout reposait à présent sur ma personne. Ma décision est prise : il est hors de question de se mettre à l’abri. J’appelle mon épouse pour lui demander d’aller chez sa maman avec les enfants. Je décidais séance tenante de me rendre au Quartier Terminus au domicile de mon petit frère Souleymane, un endroit discret afin de pouvoir informer les autres membres de la famille de la situation. J’ai pu, avec l’aide d’un de mes frères, joindre les autres frères et sœurs présents à Niamey et nous nous sommes retrouvés pour nous concerter sur la situation dramatique qui se présentait, notamment, le sort exact du président Baré. Nous avons pu joindre au téléphone nos frères et sœurs qui étaient à l’extérieur du Niger. Après avoir eu confirmation du décès du président Baré, nous décidâmes d’aller à la recherche de son corps. Mais où le corps pouvait être ? A l’Hôpital national, à la clinique de son épouse ? Nous nous décidâmes alors de nous rendre tous ensemble à la clinique Pasteur. Je me levais en même temps que tous les autres pour me diriger vers mon véhicule, c’est alors que mes frères et sœurs me demandèrent à l’unisson de rester sur place puisque ma présence pouvait ne pas être sans risques sur ma personne. J’attendis. A leur retour, moins d’une heure après, mes frères et ma sœur me confirmèrent qu’ils ont pu voir le corps du président Baré qui était effectivement conservé à la clinique. Par leur attitude j’ai compris que le corps n’était pas beau à voir.
14 h00 Au moment de se quitter pour chercher ses enfants qui étaient à l’école, ma grande-sœur Aissa insista pour que je ne rentre pas à mon domicile puisque nous avions eu des informations sur la visite d’un commando animée de la plus mauvaise des intentions, au domicile de Hima Souley où la présidente s’était refugiée dans un premier temps avant d’être reçue à l’Ambassade de France. Aissa me proposa qu’un de mes braves cousins Dan Mallam m’accompagnât à l’Ambassade de France, seul lieu qu’elle juge sûr. L’Ambassadeur Albert Pavec, Chiraquien pur jus a toujours fait preuve de sympathie envers le président Baré bien que son gouvernement dirigé par le Socialiste Lionel Jospin, en cohabitation avec le président Chirac ne portait pas le président Baré dans son cœur. Ma sœur craignait qu’après la perte du président que je sois victime des assassins dont la cruauté est sans pareil, surtout que notre maman était en voyage. Pour me convaincre, elle sortit l’argument béton selon lequel, notre maman, dont le retour de Ouaga est prévu le lendemain, n’allait pas survivre à la perte de ses deux enfants le même jour. Je n’ai pas mis du temps à comprendre ses craintes légitimes. Me voici transporté à l’ambassade de France où je fus accueilli dans un premier temps par un conseiller de l’Ambassade qui m’installa dans un appartement climatisé. Il mit à ma disposition un poste radio rechargeable par manivelle. Ce qui m’a permis d’avoir quelques informations sur les auteurs et les victimes. (A suivre…..)