Inutile de jouer à l’autruche, en se cachant la tête dans le sable, pour ne pas voir le danger qui pointe à l’horizon. A tort, ou à raison, certains de nos compatriotes pensent que le CNSP qui détient aujourd’hui la réalité du pouvoir a tendance à privilégier certains partis politiques, au détriment d’autres. Pour tout dire, les suspicieux, croient que le PNDS-TARAYYA et certains de ses partis alliés, sont les mieux lotis aux yeux des prétoriens au gouvernail. Vrai ou faux, il reste qu’objectivement, à l’instant où nous écrivons ces lignes, que tous ne sont pas sur les mêmes pieds d’égalité. Pas du fait du CNSP, mais, tout simplement, à cause du trésor de guerre, que certains ont accumulé durant les années antérieures. Comme Démocrite, découvrant l’atome, nos compatriotes commencent à comprendre que le nerf de la guerre en politique, ce sont les moyens matériels, plus que les convictions ou les programmes politiques.
Du moins dans le système de démocratie de type libéral.
Dans les démocraties populaires
La dictature du prolétariat, installe, de facto, un système qui va ( théoriquement) de la base au sommet, et du sommet à la base, dans un mouvement perpétuel de balancier, un peu comme ce que souhaitait feu Seyni Kountché, avec sa Société de Développement et ses structures décentralisées.
Théoriquement toujours, c’est la valeur intrinsèque de l’Homme, ses vertus et ses idées qui priment, et lui permettent d’être élu par ses compatriotes. Qu’il soit pauvre ou riche ; érudit ou illettré ; beau ou laid, etc.
Dans la pratique, le système soviétique bien qu’il émanât d’une démocratie populaire, était ressenti comme totalitaire, dans la mesure où les impulsions et directives venaient verticalement de haut pour s’imposer à la base. Ce dont personne ne peut rêver. Système dévoyé donc, sur ce plan-là.
Mais dans le système aux avancées sociales indéniables, le plus grand nombre, c’est-à-dire le peuple, jouit d’un travail rémunéré, d’une habitation acceptable, des soins de santé pris en charge , et d’une éducation publique à la portée de tous. En contrepartie, ses libertés fondamentales (quelques fois, purement formelles d’ailleurs) ont été rognées. Mais pas ses besoins fondamentaux.
C’est le prix à payer. Faites votre choix !
Système libéral triomphant
On a cru, jusqu’à ces dernières années, à la victoire incontestée du système libéral, parce qu’il était le seul qui libérait les énergies et les intelligences, et de ce fait, boostait le mieux le progrès, dans une voie royale irréversible. Jusqu’à ce que la Chine populaire, vienne nous rappeler qu’il n’en est rien. Partie de loin, et de rien, voilà ce grand pays aujourd’hui, première puissance économique du monde et, probablement, deuxième puissance militaire après les USA. Il reste que nous sommes, nous Subsahariens, dans le giron capitaliste, ce qui suppose que l’argent est moteur et âme de toute chose. Il peut non seulement présenter, parfois, un visage inhumain, il semble cependant qu’il a aussi atteint ses limites. En attendant, plus un parti a les moyens financiers nécessaires, plus il a les chances de conquérir le pouvoir suprême. Bien entendu, avec l’appui plus ou moins voilé des prétoriens aux commandes durant une transition. De ce fait, un parti politique peut s’imposer, au final, envers et contre tout.
Un CNSP neutre ?
Partons donc du postulat que le CNSP puisse ( quoi que très difficilement, parce que composé d’hommes ayant une sensibilité et un vécu) être équidistant de toutes les formations politiques de ce pays. Pour le prouver, son premier soin serait de les mettre tous sur le même pied d’égalité, en rognant la fortune mal acquise de certains et en donnant un coup de pouce à ceux qui auraient des convictions politiques et patriotiques proches des siennes. La COLDEFF est un instrument qui devrait aider à atteindre, ne serait-ce que partiellement, cet objectif. En fait, il faudra aussi le paramètre temps. Il est impossible d’amoindrir sérieusement la fortune (se trouvant en interne ou en externe) d’un parti politique dans le laps de temps que permet une transition ‘’raisonnable ‘’, telle qu’espérée par la ‘’communauté internationale ‘’( en vérité l’Occident, qui maîtrise parfaitement les rouages de la démocratie de type libéral). C’est dur, de se l’avouer, mais pour bien faire, les militaires ont cruellement besoin de plus de temps pour mettre le train sur de bons rails. Autrement, ils n’auront fait que du ‘’ travail arabe’’ ( si nous pouvons nous permettre cette métaphore). La sécurité étant leur objectif premier, et qui nécessite aussi du temps pour s’enraciner et susciter de bons reflexes patriotiques, elle aussi exige la durée. Que l’on le veuille ou pas.