Le poète l’a suffisamment mis en exergue : lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille, aux anges , se presse tout joyeux autour du nouveau-né. Oubliées les jérémiades, les querelles, les incompréhensions, les détestations entre les membres de la même famille. Les premières ébauches de sourire du bébé réconcilient, miraculeusement, tout le monde. Et c’est exactement ce qui se passe avec le pipeline Niger-Semé-kpodji qui, pour le coup, comme avec une baguette magique, efface tous les griefs que les Nigériens avaient contre leurs voisins, particulièrement belliqueux à leur égard. Et cela malgré les relations de bon voisinage séculaires, voire même millénaires. Il va sans dire qu’une force souterraine, plus puissante que toute forme d’affectivité ou d’intellectualité, s’est imposée tout de go, celle du Marché, du business, qui ne connaît pas les frontières des États, et snobe plus souvent qu’à son tour, les volontés des gouvernements.
Le nouveau-né
De 20.000 barils/jours, la production pétrolière du Niger est passée à 110.000 barils/jours dont, 90.000 barils destinés à l’exportation, via le pipeline Niger-Bénin.
Cette réalisation qui entre en fonction ces jours-ci, est une véritable révolution économique pour les ressortissants des deux pays concernés. Le pompage du côté du Niger est déjà effectif. Du côté béninois, il faut attendre la signature des accords précis qui sont en cours de négociation. Quoi qu’il en soit, le boum économique pointe à l’horizon pour les deux Nations.
D’abord pour la nôtre, même si nous devons nous contenter seulement des 25,4 % des dividendes générées, du fait de l’architecture de la voie de commercialisation de ce produit hautement stratégique. Si l’on prend seulement comme hypothèse le dollar à 600 franc CFA. Faites vous-mêmes le calcul sur ce que notre pays peut engranger comme profits annuels sur la base de 25,4 % des 90.000 barils/jours sur 365 jours. Mieux encore, les prévisions visent deux cents mille (200.000) barils/jours dans quelques mois, voire, une progression exponentielle, du fait des réserves prouvées : deux milliards de barils, qui incitent à l’érection d’une deuxième raffinerie, selon le général Abdourahamane Tiani.
Pour un pays qui n’avait pas de pétrole mais que de l’eau, avouez que la métamorphose est saisissante, pour ne pas dire fabuleuse. Certes, nous ne sommes pas encore au niveau des Emirats Arabes-Unis mais , petit à petit, notre pays se hisse à la hauteur où coulent les pétrodollars à flots.
D’ores et déjà, on estime que la commercialisation de notre or noir, couvrira plus de 50% de nos recettes fiscales et quasiment, 25% de notre Produit Intérieur Brut (PIB). Ça se pose là. Ça ne fait pas un pli. Désormais, les Nigériens ne peuvent plus passer pour de miséreux mendiants disséminés çà et là en Afrique, et ailleurs, mais bel et bien, comme des citoyens responsables qu’il vaut mieux éviter de bousculer, sans discernement . L’argent donne du poids, vous le savez bien…
Pour les Béninois
Le calcul est vite fait. Trois cent (300) milliards annuels de recettes fiscales. Sans vouloir égratigner nos frères du Bénin, disons que cela représente quand même, la totalité, ou alors, une bonne part du salaire annuel de tous les fonctionnaires de ce pays. Pour rien au monde, Talon ne peut renoncer à une telle aubaine. Même s’il faut aller à Canossa. Et il y est allé. On l’a vu. Et après ? C’est pour son pays avant tout, et peut être aussi, un tantinet, pour lui-même, comme lui aurait promis le régime déchu au Niger. Son idiosyncrasie intègre de telles données. Ceci explique peut-être cela, quant à son attitude en pointe contre Tiani et ses camarades. A cela, il faut aussi ajouter quelques broutilles : 200 emplois directs permanents, 1000 emplois induits, deux stations de pompage au Bénin etc. Vous faut-il encore une raison supplémentaire pour que vous puissiez croire que le bébé met en extase tous les Béninois, à quelque groupe qu’ils appartiennent ?
Quand l’enfant paraît, le cercle de famille…vous connaissez la suite du poème de Victor Hugo.