Disparu des radars depuis la fin des élections générales de 2021-2021, le président du parti PJD-Hakika, Mahaman Hamissou, refait soudainement surface sur la scène médiatique par le truchement d’une interview accordée à Anfani. Avec une fougue qui s’apparente à celle d’un guerrier politique intrépide, résolument déterminé à mener désormais une croisade sans merci contre le mal qui minerait notre pays, à savoir la mal gouvernance dont les traits caractéristiques sont la corruption et l’impunité. Dans l’interview en question, il a annoncé son intention d’initier très bientôt la création d’un large front politique et associatif pour combattre ces fléaux, qui tirent notre pays vers le bas. La noblesse de la cause est indiscutable, mais celui qui prétend vouloir en être le porte flambeau désormais dispose de quel aura en termes de crédibilité au sein de l’opinion aujourd’hui pour susciter une adhésion massive des populations à son initiative ? Les arguments qu’il a développés dans son intervention trahissent en tout cas sa pensée, car cachant mal le but qu’il veut atteindre. Commençons par le premier point qu’il a abordé, à savoir la pléthore de conseillers nommés par le président de l’Assemblée nationale, Seïni Oumarou. Quiconque a écouté l’extrait de son intervention sur cette question aura immédiatement l’impression qu’il s’agit d’une fixation morbide de sa part sur le président du MNSD-Nassara. Jugez-en ! Parlant des nominations à l’Assemblée nationale auxquelles le président Seïni aurait procédé, Hamissou fait état de ‘’1200 conseillers’’ qui seraient aujourd’hui passé à ‘’1500’’ sans aucune certitude sur leur nombre exact et sans apporter le moindre début de preuves. ‘’Le président de la République n’est pas d’accord avec lui, et lui a demandé d’arrêter ça. Mais il continue parce qu’il a un objectif ce monsieur-là. Son objectif, c’est celui d’engranger de l’argent avant les élections de 2026’’, a péremptoirement déclaré le président du PJD – Hakika, précisant que chaque conseiller nommé doit verser au parti une cotisation mensuelle en fonction de l’importance de son poste. Le PAN aurait recruté 1500 conseillers à l’Assemblée nationale, qu’en est-il alors de la situation au niveau des autres institutions de la République, précisément à la Présidence de la République et à la Primature ? Le président du PJD – Hakika, Mahaman Hamissou, aurait dû en parler pour donner plus de consistance et de crédibilité à son analyse relativement à cette préoccupation. Il ne l’a pas fait étrangement ! Est-ce à dire qu’il n’y a pas de recrutements à la pelle de conseillers en tous genres à la présidence de la République et à la Primature, ou bien c’est moins ‘’inquiétant’’ que ce qui se passerait à l’Assemblée nationale ? La confirmation de sa fixation contre Seïni Oumarou devient davantage évidente à travers ces propos : ‘’Cet argent des 1.500 conseillers aurait dû servir à autre chose. Pour vous dire que ce monsieur continue dans sa logique. Mais nous avons décidé d’engager un combat contre lui parce qu’on ne va pas le laisser faire ce qu’il veut. Le budget de l’Assemblée ne lui appartient pas’’.
Nous tenons au débat démocratique, mais cela doit se faire avec le respect de l’adversaire politique. Et la vie démocratique qui est la nôtre suppose de condamner avec la plus grande fermeté toute attaque ad hominem. Certains propos tenus par Hamissou Mahaman sur Seyni Omar sont absolument inacceptables et il faudra tout faire pour que les clarifications soient apportées et que la justice passe.
Ceci étant, tout le monde est unanime qu’aucune institution de la République n’a besoin d’une pléthore de conseillers pour réussir sa mission. Mais que vaut même au juste la constitution dans ce pays, quand les dispositions de celle-ci sont régulièrement violées par les tenants du pouvoir et en toute impunité depuis l’avènement du régime des renaissants ? Le règne de l’impunité, c’est justement cela le deuxième point de focalisation du président du PJD – Hakika, qui a apparemment entrepris de caresser le président Bazoum Mohamed dans le sens des poils à travers son intervention. Le soldat Bazoum est de bonne foi dans sa volonté de lutte contre l’impunité, mais il ne peut rien faire sans le ferme soutien de ceux qui l’entourent, a semblé défendre le président du PJD Hakika, qui a précisément interpellé le Procureur de la République qu’il a accusé de démission face à ses responsabilités. ‘’Le président de la République ne peut rien faire. Mais ce qui est plus grave, c’est le comportement du Procureur de la République. C’est lui l’avocat de la société, mais il ne joue pas son rôle parce qu’il y a beaucoup de dossiers sur lesquels il aurait dû interpeller les gens, mais il ne le fait pas’’, s’est étonné Hamissou, citant de noms de ministres qui ne doivent pas normalement être dans le gouvernement, à cause des casseroles bruyantes qu’ils traîneraient derrière eux. Dans tout ce qu’il a raconté, l’on retient qu’il a cherché à ménager le président Bazoum. A quelle fin ? Pas en tout cas pour que celui-ci se ressaisisse et engage un combat hardi contre la corruption et l’impunité.