Rester maître du jeu ad vitam aeternam. C’est le cap que s’est fixé Issoufou Mahamadou depuis le jour où il a pris les commandes du PNDS-Tarraya. L’ancien président de la République concocte un Congrès sur mesure pour raffermir son emprise sur le parti au pouvoir.
Le ‘’Grand Timonier’’
Toutes proportions gardées, le camarade Issoufou Mahamadou est au PNDS-Tarayya ce que Xi Jinping est au Parti Communiste Chinois (PCC), c’est-à-dire le ‘’Grand Timonier’’, un leader à vie. À l’issue du 20è Congrès du PCC ouvert ce 16 octobre 2022, Xi Jinping est sûr d’obtenir un 3è mandat. Issoufou Mahamadou n’a pas osé emprunter un tel chemin : « Je suis un démocrate dans l’âme […] Je n’ai pas cette arrogance de penser que je suis un homme providentiel, irremplaçable », a-t-il précisé un an après son holdup électoral de 2016. Ces propos cachent mal l’inextinguible soif de pouvoir qui étreint Issoufou Mahamadou depuis qu’il s’est invité dans le landerneau politique nigérien. Contrairement au mythe que d’aucuns ont tissé autour de l’ancien chef de l’État, ce dernier n’a pas un ‘’leadership naturel’’. Il s’est imposé à la tête du PNDS-Tarayya grâce au chéquier qu’il a ramené de la société des mines de l’Aïr (SOMAÏR). La paternité du parti revient, en grande partie, à Bazoum Mohamed. Fin manœuvrier, Issoufou Mahamadou a su domestiquer ses camarades au fil des décennies. Depuis, il garde la haute main sur sa famille politique. Ceux qui ont eu l’outrecuidance de contester son autorité (Adji Kirgam, Souley Oumarou, Sagbo Adolphe, Sabo Seydou, etc.), ont été éjectés du parti comme des malpropres.
Une discipline de fer
L’unité et la cohésion à ‘’toutes épreuves’’ dont se vantent les Tarrayistes n’est pas du fait d’une matrice idéologique bien ancrée. Issoufou Mahamadou a soumis ses camarades politiques à une indescriptible terreur psychologique. Quiconque ose se soustraire à cette discipline de fer s’attire les foudres du ‘’Grand Timonier’’. Le 31 janvier 2019, contre toute attente, Hassoumi Massoudou est démis de ses fonctions de ministre des Finances, il lui a été reproché « d’entretenir une dissidence à l’intérieur du parti ». En vérité, le tort de Hassoumi Massoudou a été son désir de se porter candidat du PNDS-Tarayya à l’élection présidentielle de 2021. Une velléité qui heurte frontalement les plans d’Issoufou Mahamadou. Ce dernier n’est pas près de lâcher du lest, il continue de dérouler son dessein, celui de contrôler le parti ad vitam aeternam. Cette farouche volonté de tout régenter à vie se reflète dans le renouvellement en cours des structures fédérales du PNDS-Tarraya. Diffa, Tahoua, Dosso et Zinder, la mise en place des nouveaux bureaux s’est faite selon la volonté d’Issoufou Mahamadou au niveau de toutes ces régions. Le même scénario est attendu pour les régions restantes. Une chose est certaine, le dernier mot reviendra toujours à Issoufou Mahamadou.
Un Congrès sur mesure
L’ancien président de la République n’a pas dévié de son cap depuis le jour où il a pris les commandes du PNDS-Tarraya. Il est resté constant quant à son irrépressible envie de tout régenter. Le voilà qui concocte un Congrès sur mesure pour raffermir son emprise sur le parti au pouvoir. Le ‘’facteur surprise’’ est exclu du processus en cours. Au finish, Foumakoye Gado va troquer son statut d’intérimaire pour celui de titulaire du poste de président du PNDS-Tarraya. Le jeu d’Issoufou Mahamadou est bien clair, il veut garder entre ses mains l’ensemble des leviers du parti au pouvoir. Mais pourquoi faire ? Bazoum Mohamed pourrait-il contrer le plan de son mentor ? C’est la question sur toutes les lèvres.