Les pro-Issoufou préparent-ils déjà l’après-Bazoum ? Cette question ne manque pas de pertinence au vu de ce qui se trame dans l’arrière-cours du parti au pouvoir. L’ancien président de la République ne s’en cache pas, il veut priver son dauphin de l’appareil du PNDS-Tarayya.
Partir pour mieux rester
Sur le départ, Issoufou Mahamadou s’est évertué à se donner une image de ‘’démocrate dans l’âme’’. Inlassablement, il s’est invité sur une multitude de plateaux, il a rencontré les plus grands médias internationaux pour clamer son intention de quitter le pouvoir au terme de son second et dernier mandat constitutionnel. « Ma décision de respecter la Constitution et de ne pas me représenter est irrévocable », n’a-t-il cessé de rappeler. C’est peu de dire qu’Issoufou Mahamadou a savamment préparé ses éléments de langage : « C’est la première fois depuis soixante ans qu’il y a un passage de témoin d’un président démocratiquement élu vers un autre démocratiquement élu. On est en train d’asseoir une tradition démocratique », a-t-il déclaré après l’entrée en fonction de son dauphin. Même la Fondation Mo Ibrahim est tombée dans le panneau en décernant son Prix 2021 (après 3 ans sans lauréat) à Issoufou Mahamadou. « Le chef de l’État sortant est couronné pour ses efforts en faveur du développement et de l’alternance démocratique », ont relayé les médias à travers le monde. En vérité, Issoufou Mahamadou est parti pour mieux rester.
Un ‘’tireur de ficelles’’
Nous l’avions rapporté dans notre parution du mardi 20 septembre, à savoir qu’il se trame une fourberie contre Bazoum Mohamed dans l’arrière-cour du PNDS-Tarayya. D’ailleurs, les comploteurs (c’est le mot) ne s’en cachent pas. Ils avancent à visage découvert, ils assument pleinement leur dessein. L’on se rappelle des propos agressifs tenus par Zakari Oumarou il y a quelques semaines de cela. L’ancien gouverneur de Maradi a mis en garde ceux qui seraient tentés de ne pas adhérer à leur plan, celui de conserver le PNDS-Tarraya sous la férule d’Issoufou Mahamadou. Très bientôt, l’ancien président de la République va descendre dans l’arène. Ce dernier, même étant chef de l’État, ne s’est jamais mis au-dessus de la mêlée. Il a toujours tiré les ficèles. Le fait de s’impliquer pleinement dans le choix de son successeur a constitué la clé de voûte du plan d’Issoufou Mahamadou. Politiquement, Bazoum Mohamed est celui qui traîne le plus de handicaps parmi les membres du présidium du PNDS-Tarayya. Issoufou Mahamadou a perfidement exploité les faiblesses de son compagnon de 30 ans. Bazoum Mohamed n’est qu’un automate que son mentor peut débrancher à tout moment.
Le congrès de l’après-Bazoum ?
Si tout se déroule selon le chronogramme du PNDS-Tarraya, l’installation du bureau exécutif fédéral de la région de Tahoua est prévue se tenir du 30 septembre au 1er octobre prochains. À cette occasion, le clan Issoufou projette de sortir l’artillerie lourde. D’après nos informations, l’ancien président de la République est attendu dans l’Ader. L’objectif est on ne peut plus clair : Issoufou Mahamadou veut exercer un contrôle total et effectif sur tous les démembrements du PNDS-Tarraya de la région de Tahoua. Le même exercice pourrait se répéter à Zinder et dans d’autres régions du Niger. Dans les rangs des plus zélés soutiens d’Issoufou Mahamadou, l’on n’écarte pas l’hypothèse de pencher sur l’après-Bazoum à l’occasion du congrès ordinaire de décembre prochain. Bazoum Mohamed n’aurait-il droit qu’à un seul mandat ? Ce sujet ne serait-il plus tabou au PNDS-Tarayya ? Il faut dire que la clientèle politique, habituée à se servir grassement dans les caisses de l’État, n’a plus cette opportunité sous Bazoum Mohamed. Les commerçants et autres prestataires de services traversent une période de disette depuis l’avènement de la Renaissance 3. Selon toute vraisemblance, Bazoum Mohamed et son clan foncent droit dans les brouillards d’un congrès potentiellement périlleux pour eux.