Le ministre des Finances a fait une sortie médiatique, mardi 27 septembre dernier, pour tenter de dissiper la polémique née de la mesure de suspension des transits d’hydrocarbures en provenance du Nigéria à destination du Mali qu’il a initiée. Dès l’entame de ses propos, il s’est dit surpris par cette polémique déclenchée par la mesure, estimant qu’elle n’aurait pas dû avoir lieu. Pour la simple et bonne raison qu’il s’agit d’une décision qu’il a prise ‘’il y a quelques semaines de cela et qui concerne spécifiquement 5 autorisations’’ de transits qu’il a personnellement signées depuis le 9 septembre. Selon lui, ce sont des autorisations de transit d’essence en provenance du Nigéria à destination du Mali, en passant par notre pays. ‘’Ce sont des autorisations que nous signons de manière routinière. J’ai signé les 5 autorisations le 12 août. Deux semaines après, j’étais en vacances quand j’ai été interpellé par la Société nigérienne des produits pétroliers (Sonidep) pour se plaindre du fait que les autorisations que nous avions signées compromettent sa santé financière parce qu’il y avait des reversements qui étaient opérés’’, a déclaré l’argentier Jidoud. Comment ? L’explication du ministre des Finances : ‘’L’essence en provenance du Nigéria qui transite par le Niger à destination du Mali est reversé sur notre territoire, en raison du différentiel de prix parce que l’essence coûte moins cher au Nigéria qu’au Niger. Par conséquent, les concernés ou les bénéficiaires de ces autorisations profitaient de l’occasion pour reverser les hydrocarbures chez nous’’ pour se faire plus de plus de blé. Selon lui, c’est après analyse des faits appuyés par des vidéos qu’il a été effectivement convaincu par la Sonidep et c’est sur cette base qu’il a demandé à l’administration douanière de suspendre les autorisations. ‘’Laquelle administration m’a soumis les 5 lettres de suspension associées à chacune des 5 autorisations que j’ai suspendues le 9 septembre’’, a expliqué Jidoud.
La source d’une polémique
A la suite de cette décision, il a indiqué avoir demandé au Directeur Général des Douanes (DGD) de prendre une note pour signifier la suspension des autorisations des transits à toutes les unités douanières qui sont au niveau des frontières, tant à l’entrée qu’à la sortie pour que cela soit officiel. Mais un fait imprévu a contrarié l’application immédiate de la mesure, selon l’argentier national. Ce fait imprévu, c’est qu’au moment où la décision de suspension des transits a été prise le 9 septembre, il y avait un nombre important de citernes à l’entrée du pays qui disposaient déjà des autorisations. ‘’Il me paraissait injuste de dire que nous suspendons et que ces citernes doivent repartir. J’ai demandé alors au DGD de prendre les dispositions pour les escorter jusqu’à la sortie des frontières. Et à la suite de ça, une fois que nous aurions apuré ce stock qui était déjà au niveau de nos frontières, nous prenons la circulaire pour interdire l’entrée et la sortie des hydrocarbures vers le Mali. Et c’est le 21 septembre seulement que le DGD a pris la circulaire sur la base bien sûr des mesures de suspension que j’ai prises le 9 septembre’’, a justifié Jidoud. Au regard de ces explications qu’il a fournies, il pense que c’est juste un hasard de calendriers qui a suscité la polémique. ‘’Il y a eu une conséquence hasardeuse de calendrier que certains ont essayé d’interpréter comme une sorte de mesure de représailles à l’endroit du peuple frère malien. Ça n’a rien à voir ! C’est totalement déconnecter, il n’y a aucune corrélation entre les deux affaires. D’ailleurs ce dont les gens parlent est intervenu le 22 septembre alors que la décision que nous avions prise date du 21’’, a-t-souligné. Il s’agit donc, à ses yeux, d’une polémique inutile, des raccourcis qui n’ont aucun sens. Occasion pour lui d’annoncer l’arrêt prochain de la production à Soraz, pour cause de maintenance de l’usine et des installations pour deux mois. ‘’Ces mesures, on les aurait prises aujourd’hui tout en faisant aussi abstraction du contexte pour la simple et bonne raison que notre société de raffinage va, en fait, rentrer en maintenance pendant deux mois. Qu’est-ce que cela suppose ? Cela impliquerait que nous même, nous allons importer les hydrocarbures et par conséquent nous allons empêcher que les hydrocarbures que nous allons importer ne puissent pas être exportés ailleurs’’, a annoncé Jidoud.
Les limites d’une communication
Le ministre Jidoud a parlé, mais a-t-il à convaincu ? Le doute est permis. Il dit que sa décision de suspension des autorisations des transits a été prise depuis le 9 septembre et c’est seulement le 21 septembre que le DGD a sorti la note circulaire pour passer l’information aux unités douanières au niveau des frontières. Concédons que ce retard soit occasionné par le temps consacré à l’évacuation des citernes au niveau des frontières. Mais pourquoi c’est seulement le 27 septembre, soit 6 jours plus tard, que l’affaire est rendue publique ? On nous rétorquera certainement qu’il s’agit d’un problème qui ne concerne pas directement les consommateurs nigériens. Soit ! Et à propos de la question du reversement de l’essence du Nigéria destiné au Mali sur notre territoire, comment explique-t-il cela ? Comment les bénéficiaires des autorisations de transits procèdent-ils pour parvenir à tromper la vigilance des unités douanières censées contrôler les entrées et les sorties sur notre territoire et parvenir à reverser le carburant chez nous ? Est-ce à comprendre qu’il y a des complicités internes, auquel cas les agents qui s’y adonnent doivent être identifiés et sévèrement sanctionnés ? Ne pas le faire, c’est laisser libre cours à la perpétuation de cette pratique frauduleuse qui n’a que trop duré !