Dans une correspondance datée de ce 27 mars 2023 et signée du président du PNDS-Tarayya relative à l’exclusion du parti de Issa Lemine pour des « propos racistes, ethnocentristes et injurieux », on pouvait y lire : « Le PNDS – Tarayya, en tant que force de progrès, lutte contre les travers actuels de notre société notamment le régionalisme, l’ethnocentrisme, la corruption et le népotisme ». Ces propos reflètent-ils la réalité ? Le PNDS ne serait-il pas dans un déni de réalité ? Voici ce qu’en dit un fonctionnaire en retraite qui a eu à servir dans plusieurs contrées du Niger et a occupé des postes de responsabilités tant administratives que politiques :
« Sur le plan de l’intégration intercommunautaire, de la création de conditions d’un meilleur vivre-ensemble et de la solidarité, nous avons aujourd’hui, globalement, beaucoup régressé. Les pères-fondateurs de l’Etat nigérien, c’est-à-dire le régime du PPN – RDA, en dépit de tous les autres travers qu’on pouvait lui reprocher, a énormément fait en matière de création des conditions d’intégration nationale. Je vous donne deux exemples. Le premier, c’est que les enfants de Téra, de Niamey, de N’Guigmi, ou de Bilma, étudiaient dans les mêmes conditions et ils avaient une chance égale dans la poursuite de leurs études. Sans connaître qui que ce soit, vous vous présentez à un examen qu’on organise localement et peu importe votre nom et d’où venez. Ce n’est pas la centralisation telle qu’elle est voulue aujourd’hui pour faire admettre qui on veut. Deuxième exemple, il y avait des mécanismes étatiques qui permettaient à tous les citoyens, où qu’ils se trouvaient, d’accéder dans les mêmes conditions et avec les mêmes chances à tous les services publics. Pendant très longtemps, le sac de mil coûtait moins cher à Bilma que dans les principales zones de production telles que Doutchi, Gaya, Tessaoua, ou ailleurs. Parce que des mécanismes étatiques le permettaient. L’Etat avait par ailleurs créé les conditions pour que la Fonction publique soit la plus neutre possible et qu’elle soit uniquement au service de la collectivité, tant dans son mode de recrutement que dans son mode d’exercice des services. Vous êtes de Bilma, votre premier poste va être Téra, et c’est ça qui a fait que certaines barrières ethnolinguistiques ont été abolies, en tout cas considérablement amoindries. Il n’y avait que votre mérite personnel comme boussole pour l’Etat. Vous pouvez ainsi gravir tous les échelons de l’administration sans que vous ne recrutiez un parent, même pour un poste de manœuvre.
Pour obliger à une intégration intercommunautaire, vous prenez l’ancien département de Téra : géographiquement, on l’a configuré pour qu’il n’y ait pas une communauté ethnolinguistique dominante. Parce que la fédération des autres communautés fait un nombre infiniment plus important que la communauté ethnolinguistique dominante. Le département a été créé de manière à intégrer le maximum de communautés pour les obliger à vivre ensemble, et elles se sont intégrées. Biologiquement, elles se sont fondues. Il y a plusieurs exemples de ce type.
Aujourd’hui, sous le régime dit de la Renaissance, on crée les conditions d’un mal-vivre ensemble. Par rapport à l’accès aux concours, à l’égalité des chances et des promotions, d’accès à un certain nombre de postes de responsabilités, on sait comment ça se passe, comment les postes dits juteux sont répartis. Rien ne se fait aujourd’hui sur une base objective, absolument rien. Des gens créent des conflits au niveau de certaines formations politiques simplement parce que vous êtes le fils de X ou de Y, que vous êtes apparentés à Untel, où que vous appartenez à tel parti. Il faut qu’on revienne fondamentalement à l’essentiel, c’est-à-dire la culture de la citoyenneté. Sinon on risque de descendre encore très bas, de volcaniser ce pays. Le PNDS – Tarayya, ses pratiques politiques sont connues de tous. Est-ce que cette lettre qu’ils brandissent à X ou Y reflète la réalité de leurs pratiques politiques quotidiennes ? Non. Sous le régime du PNDS, nous sommes en train de perdre toutes les valeurs qui fondaient notre société. Ce régime dit le contraire de ce qu’il fait. Aujourd’hui, c’est la négation de la citoyenneté et du mérite. »