Il y’a encore des compatriotes subjugués par des discours lénifiants des démocrates de la 25ème heure, qui croient que le général Abdourahamane Tiani et ses compagnons ont perpétré un coup de force , au cours duquel leurs propres vies étaient en jeu, rien que pour remettre le pouvoir, le plus vite possible, à des politiciens piaffant d’impatience, et pour certains, dénués de toute empathie pour le peuple. C’est leur droit. Ils peuvent se consoler comme ils veulent de cette auto-intoxication. La réalité est tout autre. Nous allons l’aborder sans nous faire trop d’illusions.
La sortie de la CEDEAO
Nos prétoriens, comme ceux du Burkina Faso ou du Mali, ont, peu ou prou, pris des engagements fermes auprès de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest ( CEDEAO) pour écourter le plus vite possible leur passage aux commandes suprêmes du pays. Trois ans au maximum en ce qui concerne le général Tiani, et donc, par conséquent, le CNSP. Il va sans dire, qu’a partir du moment où notre pays a déserté cette organisation régionale, à la botte des intérêts extérieurs, il n’est plus question de tenir aux engagements pris sous sa férule. Il en est très exactement de même pour les Burkinabés et les Maliens. Et même pour les Tchadiens qui ont pris, sans se gêner, des libertés très conséquentes pour reporter la date des consultations électorales attendues par la fameuse ‘’Communauté Internationale ‘’, qui, comme chacun sait, se résume à quelques pays occidentaux ( à peine 20% de la population mondiale) très actifs sur le sujet. Précisons que c’est au niveau de l’appareil gouvernemental et non avec l’adhésion consciente et éclairée de leurs peuples. Il est temps de cesser d’infantiliser les gens avec des concepts aussi creux. Que la sortie de la CEDEAO serve avant tout les desseins inavoués des militaires au gouvernail, cela ne fait aucun doute. C’est une opportunité qui s’insère parfaitement dans les perspectives qui, petit à petit, ils entrevoient pour la suite de leur mission et qui n’a rien de fatalement égocentrique. Non. Les prétoriens, en patriotes, ont aussi à cœur de trouver une solution pérenne aux débordements cycliques du djihadisme opportuniste et débridé et des hommes armés au service des trafiquants de tout poil. Et pour ce faire, il n’y a aucun mystère. Il leur faut du temps.
Le temps, le marqueur indélébile
Il semble qu’il faille plus d’une décennie de règne pour infléchir la mentalité des Nigériens. Comme en a bénéficié le régime RDA de Diori Hamani, le régime CMS de SeyniKountché et le régime des Renaissants de Issoufou Mahamoudou et de son épigone Mohamed Bazoum. A quoi bon perpétrer un coup d’Etat si c’est pour retourner, derechef, dans les mêmes travers qui ont toujours handicapé le développement de ce pays ? A quoi bon s’entêter à faire du formalisme, à tout crin, en snobant les pesanteurs sociales ? Pourquoi s’empresser de remettre le sceptre de commandement à des civils, prêts à s’entredéchirer pour imposer leur coterie, clan ou région ? Ne vaut-il pas mieux s’assurer de la mise en place des garde-fous empêchant de verser dans une situation sisyphienne ? Pourquoi devons-nous obéir à des injonctions venues de l’extérieur, au nom Don ne sait quel principe, dicté par on ne sait qui ?
Le temps dont les militaires ont cruellement besoin pour remettre définitivement sur les bons rails notre pays, nous ne devons pas hésiter un seul instant à le leur accorder. Tous ceux qui vocifèrent, ici et là, au nom d’une démocratie à laquelle ils n’y comprennent goutte, sont d’une manière ou d’une autre, motivés ou stipendiés par des volonté hostiles à la marche souveraine et volontariste de nos États Sahéliens. Des suppôts du néocolonialisme, sans le moindre doute. Comme Pascal, nous sommes prêts à faire le pari. Une confiance a priori à nos militaires. Après un temps probatoire, si nous nous sommes trompés, n’ayez crainte, le peuple, lui, a des ressources immenses pour retourner des situations les plus désespérées à son avantage. Surtout, par ces temps de braise au niveau planétaire. Du reste, avons-nous réellement le choix ?