Dans un monde où les faits sont facilement vérifiables, il est crucial pour un leader de s’exprimer avec précision, notamment lorsqu’il s’agit de références littéraires. Lors de son discours sur la présentation du Prix MO Ibrahim à Niamey, Bazoum Mohamed a tenté de se servir du personnage central de “Le Désert des Tartares”, Drogo, pour faire une mise au point. Il suggérait que les observateurs de la scène politique nationale attendraient en vain des changements dans sa relation avec Mahamadou Issoufou, tout comme Drogo attendait en vain une attaque dans le désert.
Cependant, son analogie tombe à plat, car elle repose sur une interprétation erronée du roman de Buzzati. Comme l’a écrit Marcel Proust, “Chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même. L’ouvrage de l’écrivain n’est qu’une sorte d’instrument optique qu’il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que, sans le livre, il n’aurait peut-être pas vu en soi-même.” Si Bazoum a effectivement lu le roman de Buzzati, il semble qu’il ait vu quelque chose en lui-même qui n’était pas vraiment présent dans le texte.
Une propension aux références littéraires inexactes
Ce n’est pas la première fois que le président Bazoum utilise des références littéraires de manière inexacte (dans un passé récent, il avait cité des versets du Coran qui avaient fait polémique). C’est une tendance inquiétante pour un dirigeant dont la parole devrait être synonyme de clarté et de transparence. Comme l’a dit Albert Einstein, “Qui est négligent avec la vérité en petites choses ne peut pas être digne de confiance avec des matières importantes.”
En utilisant mal ces références littéraires, et en se trompant publiquement, Bazoum accrédite la thèse de propager des “fake news”. Il donne l’impression d’utiliser la littérature comme un outil de manipulation plutôt que comme une source de vérité ou de compréhension. Il est nécessaire qu’il soit plus attentif à l’exactitude de ses déclarations publiques, pour maintenir la confiance du peuple en lui.
Parler beaucoup ou parler vrai
Il est vrai que le rôle d’un président exige une communication régulière avec le public. Cependant, la quantité de paroles prononcées ne devrait pas primer sur leur qualité. Comme le philosophe britannique Francis Bacon l’a dit, “La vérité est la fille du temps, pas de l’autorité.” Bazoum devrait tenir compte de cette citation et se concentrer davantage sur la véracité et la précision de ses propos. Le danger pour un président de la République, ce n’est pas de trop parler, mais de dire des choses non vérifiables et avérées. C’est peut-être là que réside le véritable défi pour Bazoum Mohamed.
Une crédibilité à rétablir
La crédibilité du président Bazoum a été sérieusement mise en question suite à ses récentes déclarations relatives au roman ‘’ Le Désert des Tartares’’. A l’avenir, il doit faire preuve de plus de rigueur lorsqu’il cite des œuvres littéraires dans ses discours afin de préserver sa réputation. Les inexactitudes et les malentendus peuvent être tolérables lorsqu’ils proviennent d’un citoyen lambda, mais ils sont beaucoup moins acceptables lorsqu’ils émanent du président de la République.
La Rédaction