Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey. Vendredi 28 octobre 2022. Au dernier jour de la 5e session de la Chambre criminelle dudit tribunal, quatre (4) dossiers sont inscrits au rôle de l’audience du jour, dont celui dit de la crise postélectorale née de l’élection présidentielle du 21 février 2021. Il ne se trouverait personne de bonne foi pour dire que cette élection a été un modèle du genre. Des militants de l’Opposition sont spontanément descendus dans la rue, à Niamey, pour manifester leur colère, à leur manière. Conséquence, outre les casseurs, des leaders politiques sont arrêtés : Hama Amadou, Seydou Tahirou Mayaki, le Général (ER) Moumouni Boureima et Djibril Baré. Seules les trois dernières personnes énumérées sont citées à comparaître. A l’appel du dossier, à 9 h 37 mn, seuls Moumouni Boureima, 70 ans, et Djibril Baré, 65 ans, se présentent à la barre. Seydou Tahirou Mayaki, 77 ans, a bénéficié d’une mesure de liberté provisoire une semaine auparavant pour pouvoir suivre des soins à l’étranger. Du côté de la partie civile, 120 personnes sont citées à comparaitre.
Très rapidement, la défense de Seydou Tahirou Mayaki demande un renvoi du dossier. Son client, dit-elle, tient à être présent à la barre. Quant à l’avocat de Moumouni Boureima, il demande la liberté provisoire pour son client, celui-ci présentant toutes les garanties de représentation. Surtout, l’homme est âgé et malade. La robe noire qui défend le général en retraite s’est par ailleurs offusqué de ce que le compte bancaire de son client soit bloqué alors même qu’aucune décision judiciaire n’a mis ce compte sous scellé. Conséquence : depuis 20 mois, Moumouni Boureima ne perçoit plus sa pension militaire. Au moment de l’enquête préliminaire, la Police judiciaire avait demandé à la banque de bloquer le compte en question. Et la Banque de penser certainement que cette demande vaut une mise sous séquestre. Un dysfonctionnement judiciaire quand on sait que les pensions sont insaisissables au regard de la loi. Réagissant à cette demande de liberté provisoire, deux avocats des parties civiles (l’Etat et une personne physique) ont exigé le versement d’une caution comme condition à une décision favorable.
De son côté, le parquet dit ne pas percevoir la nécessité d’un renvoi du dossier du moment où le prévenu Seydou Tahirou Mayaki avait été régulièrement cité à comparaitre. Quant à la demande de liberté provisoire de Moumouni Boureima, il dit s’y opposer. Concernant le compte bancaire, le parquet dit ne pas s’opposer à son déblocage. Le président de la Chambre criminelle, après avoir entendu les arguments de droit développés par les différentes parties, décide de suspendre l’audience pour trancher. Après un long moment, à la reprise, à 11h 50 mn, le président annonce que la Chambre, par jugement avant dire droit, ordonne la mise en liberté provisoire du prévenu Moumouni Boureima sans condition. Le jugement de l’affaire est par ailleurs renvoyé à la session de décembre prochain. La joie qui a fusé dans le camp des soutiens du Général sera de courte durée. En effet, quelques heures plus tard, le parquet faisait appel de cette décision de mise en liberté provisoire. Affaire à suivre…