Le procès de la tentative de coup d’Etat intervenue dans la nuit du 30 au 31 mars 2021 se poursuit activement devant le tribunal militaire de Niamey. Les débats sur l’examen des faits de complot et d’attentat contre la sûreté de l’Etat sont désormais clos, les accusés et les prévenus ayant été entendus, sauf ceux en fuite. Ce mardi 07 février, le tribunal a poursuivi l’audition des témoins et entendu également la partie civile.
La garde présidentielle au-dessus de la loi ?
Onze (11) témoins sont entendus à la barre à l’audience de ce mardi 07 février. Des témoignages à titre de renseignement. D’après un de ces témoins, en l’occurrence le colonel Moumouni Amadou, adjoint au commandant de la base aérienne 101 de Niamey au moment des faits, le lendemain des évènements, la garde présidentielle a pris d’assaut cette base dès 7 heures du matin, bouclant toutes les issues et tirant des coups de feu. Arrivée sur les lieux, la gendarmerie s’est vue refusée l’accès par les éléments de la GP qui ont procédé à l’interpellation de nombreux militaires de la base. Ce n’est que par la suite qu’ils seront remis à la gendarmerie. Mais la garde présidentielle n’a pas la qualité d’OPJ (Officier de police judiciaire), font observer les avocats. « Faux », rétorque le président. Pour les robes noires, le chef de corps de la GP ne peut personnellement faire, ou requérir les officiers de police judiciaire militaire, tous les actes nécessaires à l’effet de constater des crimes ou délits que lorsqu’ils sont commis à l’intérieur des établissements militaires et d’en rechercher les auteurs. Or le crime d’attentat contre la sûreté de l’Etat n’a pas été commis au niveau de la base aérienne.
L’Etat, partie civile
L’Etat du Niger, à travers l’Agence judiciaire de l’Etat (AJE) représentée par son Directeur général, le magistrat Oumarou Ibrahim, s’est constitué partie civile dans ce dossier. D’après l’AJE, du matériel roulant (véhicules aux réservoirs pleins de carburant) et des armes (cartouches, roquettes) appartenant à l’Etat ont été utilisés par les putschistes en dehors du cadre du service. Le Directeur général de l’AJE est allé jusqu’à donner le nombre de cartouches tirées par chacun des assaillants contre les positions de la garde présidentielle. Il a réclamé la somme de cinquante millions (50.000.000) de francs pour tous préjudices confondus.
Des accusés en fuite
Sur les soixante-quatre (64) personnes présumées impliquées dans cette affaire de tentative de coup d’Etat, cinq (5) sont toujours en fuite (trois militaires et deux civils). Il s’agit des nommés Yasser Ali Djibo (neveu du général Salou Djibo), Hassane Issa Garba, Abdoul-Aziz Hama Bingui, Issa Bossou et Mamane Sani Abdoulaye. Une ordonnance aux fins de jugement par défaut daté du 07 décembre 2022 a été prise à leur encontre. Ils sont tous poursuivis des chefs d’inculpation de complot et d’attentat contre la sûreté de l’Etat. Le code de justice militaire dispose en son article 185 : « Lorsque le prévenu renvoyé ou cité devant la juridiction militaire pour un crime ou un délit n’a pu être saisi ou lorsque, après avoir été saisi, il s’est évadé, ou lorsque régulièrement cité il ne se présente, le jugement le concernant est rendu par défaut… ».
Le procès marque une pause ce mercredi 08 février. Il reprendra le jeudi avec les réquisitions du ministère public.