Le procès de la tentative de coup d’État intervenue dans la nuit du 30 au 31 mars 2021 se poursuit activement devant le tribunal militaire de Niamey. Après les réquisitions du ministère public, l’heure est aux plaidoiries des avocats depuis ce mardi 14 février. Des avocats militaires commis d’office et des avocats professionnels. Dès l’entame de l’audience, le président du tribunal a fait dire une prière à la mémoire des militaires tombés dans l’« embuscade complexe » dont ils ont été victimes le 10 février dernier à Intagamey (Banibangou).
Incident d’audience
Premier et plus jeune avocat professionnel à prendre la parole au regard de ses nombres d’années de barre, Maître Mohamed Salim Hamani Maiga défend les intérêts du colonel-major Djibo Hamadou, du commissaire général de police Ousmane Cissé Ibrahim et du notaire Ibrahim Djibo. Dès l’entame de sa plaidoirie, la jeune robe noire est revenue sur les propos tenus par le commissaire du gouvernement, jeudi 09 février, à l’occasion de la présentation des réquisitions. Le général Abou Tarka, on se rappelle, s’en était pris aux putschistes, qualifiant leur action de « trahison » et eux-mêmes d’« officiers sectaires et inconscients ». Se disant choqué par de tels propos, Me Salim en a profité pour faire le procès du régime dit de la ‘’Renaissance’’. Le terrorisme, a-t-il dit, c’est la mal gouvernance, les détournements des deniers publics (scandale MDN), complots permanents pour ‘’neutraliser’’ des militaires gênants, les très grands nombres de militaires tués sans explication, etc. Mais, très rapidement, le président du tribunal est sorti de ses gonds pour stopper et recadrer le jeune avocat. « Vous devrez vous en tenir aux seuls faits en lien avec les événements du 31 mars 2021 », avait-il dit.
Des avocats commis d’office
Ils sont au nombre de quatre (4) : Malloum Manga Ousmane (commandant de gendarmerie), Abdoulaye Amadou Oumarou (lieutenant des FAN), Zakari Issaka (adjudant-chef des FAN) et Hassane Doullaye (MDL-Chef). Le premier cité a défendu 10 clients : pour certains, le ministère public avait déjà requis l’acquittement, aucune charge ne pesant sur eux. Pour ceux dont il a été requis 2 ans d’emprisonnement ferme et 50.000 F d’amende pour Coups et blessures volontaires (CBV), Me Malloum a démontré au tribunal qu’ils n’étaient que de simples exécutants. Il a expliqué aussi qu’aucune preuve n’a été apportée que la balle prise par un militaire de la GP venait d’un de ses clients. Pour toutes ces raisons, il a sollicité du tribunal la relaxe pure et simple de ses clients. Me Abdoulaye a défendu 9 clients, qui accusé de complot, qui accusé de CBV. En se cramponnant à la discipline militaire, il a tenté de démontrer au tribunal que les faits reprochés à ses clients ne sont pas constitués. Il a demandé leur acquittement et leur réintégration dans l’armée pour éviter un gâchis, estimant que ses clients sont des soldats expérimentés qui avaient toujours fait leur preuve sur le terrain. Maîtres Zakari Issaka et Hassane Doullaye sont allés dans le même que leurs confrères, d’où leurs appels à l’acquittement de leurs clients respectifs.
Des avocats professionnels
Maître Salim Maiga : il a contesté et demandé à rejeter la réclamation financière de l’Etat dans ce dossier (50 millions F CFA), estimant que les moyens utilisés l’ont été dans le cadre d’un service régulier. On a en effet fait croire aux soldats à une mission de sécurisation. Au sujet de Cissé Ousmane Ibrahim, il a plaidé pour son acquittement pur et simple, le MP ayant déjà estimé qu’aucune charge ne pesait sur lui. En ce qui concerne le colonel-major D. Hamadou, il a tenté de démontrer que celui-ci n’avait rien à avoir avec cette affaire de coup d’Etat qui serait « une farce organisée au plus haut sommet de l’Etat par des mains invisibles même si des militaires ont par ailleurs agi ». Il a donc plaidé pour son acquittement des faits de complot et de complicité d’attentat. Au sujet d’Ibrahim Djibo, Me Salim a démontré que les faits de complot ne sont pas constitués. D’où sa demande de relaxe ou d’acquittement au bénéfice du doute.
Maître Rabo Boubacar : le conseil du capitaine Sani Gourouza a plaidé pour de larges circonstances atténuantes pour son client, celui-ci, comme l’ont reconnu le tribunal et le MP, ayant été constant dans ses déclarations et ne racontant pas des mensonges. Me Rabo a tenté de démontrer que les faits d’attentat ne sont pas constitués à l’égard de son client, celui-ci s’étant désisté volontairement pour éviter un bain de sang. Il a sollicité du tribunal, s’il décidait de le condamner, de prononcer une peine de 5 ans assortis de sursis.