Au Niger, où va l’argent public ? La réponse est connue, dans notre pays le contribuable finance le train de vie doré des dirigeants. Démonstration avec le projet de loi des Finances pour l’année budgétaire 2023.
Misère noire
Le 5 octobre 2022, lors de la présentation solennelle du projet de loi des Finances pour l’année 2023, Ahmat Jidoud, le ministre des Finances, a dit devant les députés réunis : « le budget passera de 2.908 milliards en 2022 à 3.245 milliards en 2023, donc une hausse relative de 11,58% ». Et de préciser que cette hausse est : « raisonnable relativement au contexte qui prévaut […] ». Le ministre des Finances a aussi souligné que cette augmentation du budget national va permettre de : « stabiliser et renforcer le cadre macroéconomique et transformer le tissu économique en vue de réduire considérablement la pauvreté ». Autant le dire tout de suite, les pauvres vont devoir attendre encore. Au Niger, depuis 2011, l’économie nationale n’a pas bougé dans le sens d’améliorer les conditions de vie de la population. Le pays est resté à la traîne des nations en termes d’Indice de développement (IDH) depuis l’avènement au pouvoir du PNDS-Tarraya. Une bonne partie des ressources internes et externes mobilisées est destinée à assurer le train de vie doré de nos dirigeants. Le peuple, dans sa très grande majorité, reste dans une misère noire d’année en année.
Des rubriques floues
Comme pendant cette année finissante, les tenants du pouvoir s’assurent de passer les 12 prochains mois confortablement entretenus par le contribuable. Au cabinet du Premier ministre, la rubrique « traitement et salaire » est de 1.165.322.218 FCFA. L’essentiel de cette somme, on s’en doute, est destinée à la rémunération de la pléthore de conseillers en tout genre et au versement de bakchichs aux courtisans. La même rubrique est dotée de quelque 3.422.558.990 FCFA au titre de la Présidence de la République. Le chef de l’État a suffisamment de quoi entretenir sa très large cour de conseillers et aussi de quoi soudoyer la presse partisane au service du régime par exemple. Pour le « pilotage stratégique » de l’administration de la présidence de la République, il est prévu dans le budget 2023 le montant de 12.994.326.516 FCFA. Le concept de pilotage stratégique vise à « déployer, contrôler et corriger la ou les stratégies décidées par les dirigeants d’une organisation […] ». En termes clairs, il s’agit d’un fourretout entre les mains de Bazoum Mohamed afin de disposer à sa guise de l’argent public. Qui pour contrôler ce qui se passe entre les murs de la présidence de la République ? Cerise sur le gâteau, le budget de l’année prochaine dispose d’une rubrique suspectement intitulée « Dotation » et qui prévoit un montant de 31.184.562.012 FCFA gracieusement mis à disposition du cabinet de Bazoum Mohamed. De façon globale, en 2023, ce sont quelque 162.950.896.042 FCFA de prévus pour la présidence de la République. Pour quels résultats attendus ? Pas grand-chose, pour ne pas dire rien du tout.
Un héritage de dettes
S’il y a un domaine où le régime en place ne s’impose aucune limite, c’est bien celui de la dette publique (interne et externe). Au 30 juin 2022, cette rubrique cumule la somme totale de 4727,28 milliards FCFA contre 4205,7 milliards FCFA en fin décembre 2021, ce qui donne une hausse de 12,4% en seulement 6 mois (soit 50,90% du PIB). Depuis 2011, le PNDS-Tarraya ne fait que charger les générations futures d’un gros héritage constitué de dettes tant internes qu’externes. Question : Au Niger, où va l’argent public ? Certainement, il ne va pas là où il est le plus nécessaire.