La troisième réunion ministérielle tripartite (Algérie-Niger-Nigéria), tenue à Alger le 28 juillet dernier, a permis de faire avancer le mégaprojet de réalisation du gazoduc transsaharien devant relier l’Algérie, le Nigéria, et le Niger avec pour ambition d’acheminer à terme le gaz du Nigéria en Europe. Le ministre algérien de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, et ses homologues Mahamane Sani Issoufou et Timipre Sylva, respectivement du Niger et du Nigéria ont signé lors de cette rencontre ‘’un protocole d’accord pour la formalisation du projet de gazoduc transsaharien (le TSGP)’’, selon une dépêche de l’Agence algérienne de presse (APS), rapportée par ‘’Jeune Afrique’’. La réalisation de ce gazoduc ‘’permettra d’acheminer, à terme, des milliards de mètres cubes de gaz nigérian vers l’Algérie en passant par le Niger. L’Algérie pourra ensuite envoyer vers les pays de l’Union européenne le gaz nigérian via le Transmet, qui relie le pays à l’Italie en passant par la Tunisie, et du gaz naturel liquéfié (GNL) transporté par des méthaniers’’. Le document ainsi paraphé permettra ‘’la mise en œuvre de tous programmes tracés pour la réalisation du projet, notamment l’élaboration des études et des différents aspects liés à la réalisation’’. L’engagement fort pris au cours de cette réunion, les ministres des trois pays ont décidé de ‘’faire aboutir le projet dans un cours délai’’, sans pour autant préciser une date. La concrétisation de ce projet de gazoduc transsaharien est assurément une grande opportunité pour les trois pays partenaires en termes de retombées économiques. Elle permettra non seulement de garantir leur pleine autonomie en matière d’approvisionnement en gaz domestique mais aussi de tirer des dividendes substantiels à travers l’exportation du produit en direction de l’Europe. Le ministre algérien n’a pas manqué de le souligner, appelant ses deux collègues ‘’à profiter de l’opportunité, pour envoyer un signal fort à l’international sur le lancement de la réalisation du projet TSGP, ce qui permettra aux sponsors d’entamer une prospection de partenaires pour le financement et la réalisation du projet, et ce parallèlement à la réactualisation de l’étude inhérente au projet’’. Surtout que celui-ci intervient dans ‘’un contexte géopolitique et énergétique particulier’’ marqué par ‘’une forte demande sur les hydrocarbures, en particulier sur le gaz naturel et une offre à la baisse résultant du manque d’investissements gaziers constaté depuis 2014’’.
Une aubaine pour les trois pays
La guerre menée par la Russie en Ukraine depuis 7 mois aujourd’hui a fait du gaz une source d’énergie qui domine l’actualité en Europe, devant notamment la crainte de voir le président russe Poutine suspendre son ravitaillement. Pour sûr, même l’embargo économique décrété par l’Europe contre la Russie à cause de cette guerre a soigneusement mis de côté le gaz dans le cadre du boycott des échanges commerciaux avec le pays de Poutine. C’est dire que la matérialisation physique de ce gazoduc transsaharien est une initiative qui tombe à point nommé. Lors de son lancement officiel en 2009, son coût de réalisation était estimé ‘’à 10 milliards de dollars US (7 milliards d’Euros)’’. D’une longueur de 4128 km dont 1037 km en territoire nigérian, 841 km au Niger et 2310km en Algérie, la réalisation de ce gazoduc permettra l’alimentation des pays du Sahel en gaz domestique. Comme nous l’avions souligné ci-dessus, ‘’ce projet a été réactivé dans un contexte géopolitique marquée par une forte demande internationale de gaz et de pétrole et par une flambée des prix, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février. Plusieurs pays européens cherchent à réduire leur dépendance aux livraisons russes et se sont tournés vers l’Algérie’’, selon Jeune Afrique. L’Algérie dispose actuellement de réserves prouvées de gaz naturel estimé à près de 2.400 milliards de mètres cubes. Elle fournit ‘’environ 11% du gaz consommé en Europe avant la guerre en Ukraine, contre 47% pour la Russie. Il est le premier pays exportateur africain de gaz naturel et le septième mondial’’, souligne le magazine panafricain hebdomadaire paraissant en France. Nous sommes aussi devenus depuis 2011 pays producteur de gaz naturel destiné principalement à la consommation locale, à la faveur notamment de l’exploitation de nos gisements du bloc d’Agadem et le raffinage du brut en hydrocarbures à la Soraz (Société de raffinerie de Zinder). Mais malgré cela, les consommateurs nigériens sont confrontés périodiquement à des pénuries de gaz domestique sans qu’on ne sache exactement pourquoi. Lorsqu’on apprend que de quantités importantes du produit sont brûlées dans la nature, faute de capacités de stockage indique-t-on, la réalisation de ce gazoduc transsaharien pourra peut-être permettre de minimiser le gâchis.