Le Ministre des Finances a présenté ce mercredi 05 octobre devant l’Assemblée nationale le projet de loi de finances pour l’année budgétaire 2023. Equilibré en recettes et en dépenses, il est estimé à 3.245,44 milliards de francs CFA contre 2.908,59 milliards de francs CFA en 2022, soit une de hausse de 11,58%. Les recettes internes ressortiraient à 1.480,72 milliards de francs (45,62% des recettes totales), en augmentation de 118,86 milliards de francs, soit 8,73%. Quant aux recettes extérieures (appuis budgétaires, aides projets et emprunts obligataires), elles sont estimées à 1.764,72 milliards de francs, soit 54,38% des recettes totales, en hausse de 217,99 milliards. Selon Ahmat Jidoud, ce projet de loi de finances repose sur un contexte marqué par une instabilité de la croissance économique et des incertitudes au niveau mondial, une insécurité préoccupante au niveau régional (Sahel). Au plan national, les hypothèses de base reposent notamment sur un déroulement normal des campagnes agricole et pastorale, une poursuite des grands projets et programmes tels que le barrage de Kandadji, la construction du pipeline pour l’exportation du pétrole brut, une augmentation moyenne de la production d’or de 6,0% (une production annuelle escomptée de 4 635 kg). Selon toujours le Ministre des Finances, ce projet de budget 2023 est bâti sur une prévision d’un taux de croissance de 7,2% et une moyenne de 9,1% sur la période 2023 – 2025. Il est par ailleurs accompagné d’un certain nombre de mesures fiscales et douanières destinées à améliorer le recouvrement de certains impôts, élargir et maîtriser davantage l’assiette fiscale. Dans le sens de conforter davantage la mobilisation des ressources intérieures, des mesures administratives sont également prévues pour ce faire, a annoncé le Ministre des Finances. Mais la question qui taraude les esprits est celle de la sincérité des hypothèses de base avancées par Ahmat Jidoud.
Des hypothèses de base réalistes ?
Du haut de la tribune de l’Assemblée nationale, le Ministre des Finances a martelé que les hypothèses qui sous-tendent le projet de loi de finances pour l’année budgétaire 2023 sont « réalistes et réalisables ». Nous espérons le meilleur pour le Ministre Jidoud. Mais ses affirmations sont à prendre avec des pincettes. En effet, les réformes des finances publiques notamment dans le domaine de la mobilisation des ressources intérieures n’ont jusque-là pas permis au Gouvernement d’assurer, de façon durable, le financement de ses besoins au profit des populations. Le 5 septembre dernier, les administrations fiscales de notre pays étaient en atelier de formation sur l’élaboration des modèles de prévisions des recettes fiscales et douanières, sous la houlette d’un consultant international. En cause, les grands écarts entre les prévisions de recettes et les réalisations. Et c’est ce qui, malheureusement, se profile dans l’exécution du budget général de l’Etat 2022. Pour le premier semestre, il a été réalisé des recettes d’un montant de 1.192,67 milliards de francs CFA pour des prévisions annuelles de 2.908,59 milliards, soit un taux de réalisation de 41,01% dont 45,7% pour les ressources intérieures et 36,8% pour les ressources extérieures.
Par ailleurs, le projet de loi de finances pour l’année budgétaire 2023 fait la part belle aux ressources extérieures : elles représentent plus de la moitié du budget, soit 54,38% des recettes totales. Or les promesses d’aides des pays riches ne sont pas toujours suivies d’effet, surtout s’il s’agit de pays africains. Au Niger où les besoins humanitaires sont estimés en 2021 à 523 millions de dollars (environ 272 milliards de francs CFA), seuls 75 millions de dollars (environ 39 milliards de francs CFA) ont pu être mobilisés à la date du 19 juillet. Soit 14% des besoins. Pourtant lors d’une conférence internationale des donateurs, à Varsovie, le 5 mai 2022, l’appel humanitaire pour l’Ukraine a été financé à 100 % le jour même, soit plus de 6 milliards d’euros récoltés.