Le projet d’un nouveau siège pour abriter les services de la Primature constitue une pomme de discorde entre Bazoum Mohamed et Ouhoumoudou Mahamadou. Les deux hommes ne sont pas sur la même longueur d’onde quant au coût du chantier.
Un chantier laissé en rade
Deux (2) ans après son accession au pouvoir, Issoufou Mahamadou a porté le projet d’un nouveau siège devant abriter les services de la Primature. C’est ainsi que le 11 avril 2013, l’ancien président de la République a procédé à la pose de la première pierre des travaux de construction de trois (3) immeubles administratifs à Niamey. Outre le siège du gouvernement, juste en face de l’actuelle Primature, deux autres immeubles de huit (8) étages chacun sont censés sortir de terre (sur le site des ‘’cases allemandes’’) pour abriter divers départements ministériels. Coût total des investissements : 33.446.103.530 FCFA. « Dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet de rénovation, nos efforts nous ont permis de conduire et de conclure un cadre de Partenariat Public-Privé (PPP), avec une société espagnole, le groupe Realimar. Le contrat que nous évoquions tantôt inclut les études architecturales et techniques. Elles sont déjà bouclées avec l’approbation des services techniques de mon portefeuille ministériel, tout comme l’avant-projet détaillé, ainsi que la construction clés en main des trois bâtiments », a déclaré le ministre de l’Urbanisme d’alors, Moussa Bako Abdoulkarim. Seulement, contre toute attente, le chantier est laissé en rade. Realimar a littéralement disparu des radars. L’entreprise ibérique s’est fait la malle avec une jolie cagnotte soustraite des caisses de l’État du Niger.
Tensions persistantes
Après sa nomination à la Primature, Ouhoumoudou Mahamadou s’est investi à redonner vie au projet laissé par son prédécesseur, Brigi Rafini. Le chef du gouvernement a ainsi ardemment travaillé sur un Build-operate-transfer (BOT) avec une société turque de BTP. Les deux parties auraient ficelé le dossier en parfaite entente. Sauf que l’aval du président de la République se fait attendre. Bazoum Mohamed aurait demandé une contre-expertise. Le montant du projet serait quelque peu exorbitant. De ce fait, le chef de l’État aurait décidé de garder sous le coude le dossier. Peut-on parler d’une nouvelle fâcherie entre les deux têtes de l’Exécutif ? Oui, répondent nombre de ceux qui côtoient les arcanes du pouvoir. C’est un secret de Polichinelle, il y a bel et bien deux clans qui se toisent au sein du PNDS-Tarraya. Les soutiens de l’ancien président de la République cachent de moins en moins leur intention de faire main-basse sur l’appareil du parti au pouvoir, si ce n’est déjà fait. L’on se rappelle des propos agressifs tenus par Zakari Oumarou il y a quelques mois de cela. L’ancien gouverneur de Maradi a mis en garde ceux qui seraient tentés de ne pas adhérer à leur plan, celui de conserver le PNDS-Tarraya sous la férule d’Issoufou Mahamadou. Le dessein est clair, il s’agit pour les pro-Issoufou de réduire drastiquement les marges de manœuvre du président de la République. Sans le soutien ferme du parti qui l’a porté au pouvoir, Bazoum Mohamed aura du mal à mener à bien son quinquennat. La guéguerre autour du projet d’un nouveau siège destiné aux services de la Primature n’est pas pour baisser la tension entre le président de la République et le Premier ministre. Les mois à venir s’annoncent-ils particulièrement électriques au sommet de l’État ? L’avenir nous le dira…
La Rédaction