Faut-il parler de l’oral de rattrapage ? C’est le cas en tout cas lors de la rencontre du président de la République avec les corps intermédiaires de la démocratie (centrales syndicales et organisations de la société civile – OSC -) qui a tenté d’expliquer les raisons de l’augmentation du prix à la pompe du gasoil et de la cherté de la vie en général. Et Bazoum de s’accrocher à son récit en se défaussant sur la guerre en Ukraine. Des explications peut-être nécessaires mais jamais suffisantes car la clarté et la fiabilité d’une parole présidentielle sont les préalables à sa crédibilité. Or les explications fournies par le chef de l’Etat accentuaient le flou.
Gouverner c’est prévoir. Si c’est la guerre en Ukraine qui explique que les ménages Nigériens soient aujourd’hui pris à la gorge par l’inflation, qu’a fait Bazoum Mohamed pour anticiper et éviter cette situation ? Rien ou presque ! C’est dire que le président de la République porte une partie de la responsabilité de la cherté de la vie aujourd’hui au Niger. Et le rôle du président de la République n’est pas d’apporter des justifications techniques à l’augmentation de prix des denrées alimentaires et des autres produits mais d’apporter des solutions. Ce qui a cruellement fait défaut lors de la rencontre du Chef de l’Etat avec les OSC et les Centrales syndicales. Il doit donc se mettre à la tâche. Et dans l’urgence. Car, les Nigériens en général et les travailleurs en particulier, n’entendent pas subir une perte de leur pouvoir d’achat sans rien faire. Une flambée des prix qui ravive légitimement les revendications salariales car les travailleurs ne sont pas la cause de la cherté de la vie, ils en sont les victimes.
Mais que peut faire Bazoum dans un contexte où partout les prix augmentent ? S’il faut bloquer les prix de certains produits de première nécessité, cela inéluctablement induirait une perte de recettes fiscales. Une équation impossible à un moment où la parité entre l’Euro et le Dollar a conduit à une explosion de la dette publique dont l’essentielle est contractée en Dollar. Comment donc Bazoum compte-t-il traverser ces temps incertains, gouverner le pays dans cet entrelac de difficultés ?
En attendant, une chose est sûre, lorsque produire devient plus difficile ou plus cher, il n’existe aucun moyen de maintenir le pouvoir d’achat. Les discours politiques qui prétendent sauvegarder le pouvoir d’achat de la population dans son ensemble sont donc purement démagogiques.