Le mercredi 30 août 2023, un tremblement politique majeur a frappé le Gabon : Ali Bongo, président en fonction, s’est vu renversé par un coup d’État militaire. Ce renversement est survenu dans la foulée d’élections générales qui avaient couronné Bongo victorieux. Ce coup de force a été orchestré par Brice Oligui Nguema, chef de la garde républicaine du Gabon. De fait, l’homme pourrait rapidement devenir le nouvel homme fort du pays
Un contexte africain en ébullition
L’annonce de ce putsch au Gabon survient dans un contexte déjà tendu, seulement 48 heures après que le président français Emmanuel Macron avait adopté un ton ferme face au CNSP, la junte au pouvoir à Niamey. Devant un parterre d’ambassadeurs rassemblés à l’Élysée, Macron avait tenté de défendre une ligne dure. Toutefois, avec le récent coup d’État au Gabon, l’image déjà fragilisée de la politique africaine de la France semble davantage ébranlée.
Il est indéniable qu’une certaine dynamique s’installe. La France, ancienne puissance coloniale semble de plus en plus impuissante face à ce que Macron décrit comme une “épidémie de putschs”. Des mouvements militaires prennent de l’ampleur dans une région où Paris perd graduellement du terrain. Et on voit mal comment Paris peut résister à cette lame de fond qui porte au pouvoir en Afrique – dans des pays de sa sphère d’influence – des militaires pour la plupart formés, ironie du sort, en Occident. Face à ces remous, le discours démocratique prôné par la France semble désormais inaudible, voire même incohérent, en raison de ses contradictions manifestes et de sa duplicité dans sa politique africaine.
La difficile position de la France en Afrique
Le rayonnement de la France en Afrique est à un carrefour critique. Sa présence dans ses anciennes colonies, autrefois considérée comme stratégique, est aujourd’hui sujette à caution. En effet, son passé colonial la hante toujours. La relation France Afrique basée sur un système de domination, où une alliance stratégique entre élites françaises et africaines permet à ces élites franco-africaines de s’approprier et de se partager des ressources économiques, politiques, culturelles au détriment des peuples africains, l’expose aussi dangereusement. En outre, ses bases militaires, autrefois symboles de puissance et de sécurité, sont aujourd’hui vues comme contre-productives. Et si la lutte antidjihadiste au Sahel est certes cruciale, elle devrait être menée avant tout par les Africains.
Pour retrouver sa place et sa voix en Afrique, la France se doit de reconsidérer son approche, en plaçant les pays africains face à leurs propres responsabilités et en leur restituant une véritable souveraineté, que ce soit sur le plan monétaire, économique ou militaire.
L’attente du monde
A présent, la question qui brûle les lèvres de nombreux observateurs internationaux est la suivante : comment Macron réagira-t-il face à la situation au Gabon ? Les événements au Niger sont encore frais dans les esprits. L’attitude de la France face à cette nouvelle crise sera scrutée de près. Macron sera-t-il tenté d’intervenir au Gabon comme il a pu le laisser entendre pour le Niger ? Ou va-t-il reconnaître les nouveaux ‘’putschistes’’ gabonais, malgré leur arrivée au pouvoir par des moyens non démocratiques ?
Alors que l’Afrique connaît une vague de transformations politiques, le rôle de la France sur ce continent est à un tournant. Seule une refonte profonde de sa politique pourra peut-être redorer son blason, mais le chemin promet d’être long et semé d’embûches.