Apparemment, le climat de confiance est en train de s’assombrir entre certaines structures de la société civile ‘’patriote’’ qui sont nées suite au coup d’Etat du 26 juillet et des membres de la junte militaire ayant renversé le président Bazoum.
C’est ce sentiment qui se dégage à travers le point de presse animé ce week-end au Rond-point Escadrille par le Front patriotique pour la souveraineté (FPS) dirigé par les sieurs Maïkoul Zodi, Ibrahim Bana et Anass Djibrilla, etc.
Justifiant la convocation de la rencontre avec les médias par un souci d’expliquer à l’opinion nationale les raisons de l’annulation de leur marche suivie de sit-in de la Place Toumo au Rond-point Escadrille programmée pour le 31 octobre 2023 (hier), Anass Djibrilla, secrétaire général du FPS, a glissé sur un autre terrain qui semble d’ailleurs être le vrai mobile de l’initiation du point de presse.
Il s’agit de la gestion des appuis financiers et en nature apportés par des bonnes volontés aux structures associatives dites ‘’patriotes’’ dans le cadre de la mobilisation citoyenne pour la sauvegarde de la patrie et l’affirmation pleine et entière de notre souveraineté.
Dès que l’argent s’invite dans une lutte, l’entente et l’harmonie entre les acteurs risquent inévitablement de s’effriter, des frictions, qui peuvent déboucher sur l’éclatement de la cohésion indispensable du groupe pour l’aboutissement de la lutte, surgissent.
Depuis un certain temps déjà, une bataille sourde pour le contrôle du mouvement s’est installée entre les structures, avec en toile de fond le doute sur la sincérité et le désintéressement de certaines des organisations engagées dans la mobilisation citoyenne. Certaines structures accusant carrément d’autres d’être pilotées par des acteurs opportunistes, sans aucune véritable conviction, mues uniquement par l’appât du gain facile.
C’est une cuisine interne gérable. Mais quand la sauce éclabousse des autorités politiques, les choses risquent de se compliquer et provoquer une cassure définitive entre les alliés. Lors du point de presse, Anass Djibrilla s’en est directement pris au gouverneur de Niamey, le Général de Brigade Abdou Assoumane Harouna, l’accusant d’immixtion inacceptable dans les affaires de la société civile.
Quelle est le nœud du problème ? Campant le décor, le SG du FPS a commencé d’abord par préciser la vision et les principes adoptés par sa structure depuis qu’elle a décidé d’installer son quartier général au Rond-point Escadrille, le 2 septembre dernier.
‘’Nous sommes arrivés ici (Rond-point Escadrille) sans budget, sans aucune condition, les mains vides, sachant que les Nigériens, au regard de leur attachement à la nation, vont nous accompagner’’, a déclaré Anass Djibrilla, soulignant leur décision de ne tendre la main à personne ni faire une requête de financement. Si quelqu’un veut appuyer le Front, il apporte son appui ici à l’Escadrille. Selon lui, cette posture est motivée par un souci de transparence.
Voilà que les autorités convoquent récemment les responsables du FPS à un rassemblement des organisations de la société civile au Centre de conférences Mahatma Gandhi ‘’pour partager un fonds donné par la diaspora nigérienne’’.
Pour être ‘’cohérent avec sa logique’’ consistant à ne pas aller recevoir un appui ailleurs qu’au niveau du Rond-point Escadrille, Anass a martelé qu’ils ont boycotté la cérémonie. Apparemment, cette posture n’a pas été du goût du gouverneur de Niamey, qui n’a pas manqué d’attaquer le Front lors de la rencontre.
Et ses critiques ont été certainement acerbes au regard de la virulence de la réplique du SG du FPS au gouverneur Harouna.
‘’Le gouverneur a oublié que sa mission c’est de gérer la région de Niamey plutôt que de s’immiscer dans les affaires internes des associations et des organisations syndicales’’, a-t-il indiqué, corroborant son accusation par un acte posé par le gouverneur au niveau du Rond-point Escadrille, celui consistant notamment à faire ériger un deuxième podium en complicité ‘’avec certains acteurs de la société civile’’.
Expression d’un esprit partisan de la part du gouverneur dans ses relations avec les organisations de la société civile ? Même si Anass ne le dit pas explicitement, cette révélation le laisse croire.
‘’La société civile nigérienne est suffisamment mûre pour ne recevoir de leçons de personne. Si nous avons des problèmes à l’interne, c’est à nous de régler les problèmes à l’interne et non un gouverneur d’une région’’, a fulminé le SG du FPS, rappelant au gouverneur que ‘’sa compétence territoriale n’est que régionale’’, contrairement à leurs structures qui ont ‘’une envergure nationale’’.
Jusqu’où ira cette fronde ouverte entre le FPS et le gouverneur de Niamey ? Nous ne sommes qu’au début de la lutte pour la conquête de la véritable souveraineté de notre pays, qui est une œuvre de longue haleine. Si déjà, au bout de 3 mois seulement de lutte, pour des questions de partage de fonds, des structures associatives et des autorités politiques se rentrent dedans sans retenue, c’est inquiétant !