C’est avec une certaine affliction que l’on observe la majorité au pouvoir se répartir les postes administratifs comme on se partagerait un butin de guerre. Si l’on peut comprendre, jusqu’à un certain point, que les vainqueurs de l’arène politique soient tentés de récolter les fruits de leur victoire, il est cependant bien plus préoccupant de voir la haute administration de l’État devenir l’apanage d’un parti politique particulier. A titre illustratif, les postes de DG de SONIDEP, SOPAMIN, SPEN vont systématiquement au PNDS-Tarayya, au MPR-Jamhurya et au MNSD-Nassara.
Cette pratique, qui semble aujourd’hui ancrée dans la gestion des affaires publiques sous la Renaissance, est en totale contradiction avec les normes démocratiques et porte également en elle les germes d’une véritable dérive autoritaire. En effet, en conditionnant l’accès aux postes clés de l’État à l’appartenance à une formation politique particulière, on fait fi de toute notion de compétence, d’expérience ou de mérite, pourtant indispensables au bon fonctionnement d’une administration efficace et au service de l’intérêt général.
Cette pratique confine à la pensée unique, freine l’innovation et la créativité, et crée un véritable fossé entre la population et ses dirigeants. La démocratie ne saurait s’épanouir sans la possibilité pour chaque citoyen de voir ses convictions et ses aspirations représentées. En outre, une telle pratique favorise l’émergence d’une véritable nomenklatura politique, dont les membres se cooptent entre eux et se maintiennent au pouvoir, non pas grâce à leur aptitude à exercer leurs fonctions, mais simplement parce qu’ils adhèrent à la ligne d’un parti. Ainsi, la haute administration de l’État n’est plus au service de la population, mais bien d’un parti et de ses intérêts.
En conclusion, la gestion des affaires de la cité telle qu’elle est pratiquée depuis plus de douze (12) ans est non seulement archaïque, mais surtout profondément contreproductive. Loin de promouvoir une véritable démocratie, elle favorise l’émergence d’une oligarchie politique. Cette situation qui perdure compromet gravement le développement du pays et la confiance de la population envers les dirigeants et les institutions démocratiques.