Cahin-Caha, depuis le mois d’août 2023, du fait de la fermeture de la frontière béninoise consécutive aux sanctions illégales et inhumaines imposées à notre pays par la CEDEAO, les marchandises importées par nos opérateurs économiques (denrées alimentaires et autres produits de consommation courante) passent par le Burkina Faso pour entrer sur notre territoire.
L’approvisionnement se déroule de façon plus ou moins régulière par le convoyage jusqu’au Niger de plusieurs centaines de camions de marchandises par l’axe Kaya-Dori-Téra sous forte escorte militaire gratuite assurée par les Forces de défense et de sécurité (FDS) des deux pays, en raison de l’insécurité armée terroriste prévalant ces dernières années dans la zone des trois (3) frontières partagée par le Burkina Faso, le Mali et notre pays.
La lenteur des opérations de convoyages militaires de camions jusqu’à destination explique la rupture épisodique de certains produits qui est observée par les consommateurs sur le marché. ‘’Des chargements de marchandises ayant quitté le port de Cotonou ou même celui de Lomé peuvent banalement passer deux mois voire plus pour arriver à destination’’, raconte Boubacar Farouk, un conducteur de camion de transports.
‘’Nous étions dans une file de camions de marchandises partis du port de Lomé à destination du Niger depuis novembre 2023. Il a fallu seulement la semaine dernière pour arriver à Niamey, à cause des arrêts sur la route qui peuvent durer plusieurs semaines en raison de la périodicité des escortes militaires’’, explique Farouk.
Cette situation est à l’origine des pénuries ponctuelles concernant certaines denrées alimentaires et produits non alimentaires constatées sur les marchés et cette tendance au ciel des prix desdits produits, qui reste irréversible même quand la pénurie des produits concernés est surmontée. Les pauvres consommateurs ne comprennent pas cet état de fait, surtout dans ce contexte d’embargo international imposé à notre pays, qui dure depuis bientôt 6 mois, suite au coup d’Etat militaire du 26 juillet 2023.
Le sac de riz de 25kg dont le prix oscillait entre 10.500 et 11.000 francs avant le putsch connaît aujourd’hui une ascension fulgurante incontrôlée. Le renchérissement de son prix est occasionné par la pénurie du produit sur le marché dès les premiers mois de l’embargo de la CEDEAO, actuellement il coûte au-delà de 14.000 voire 16.000 francs chez les détaillants. Alors que le ministère du Commerce a arrêté de commun accord avec un établissement commercial, grossiste importateur de riz de la place, le prix dudit sac à 13.500 chez les détaillants. Laquelle entente a eu l’effet d’un feu de paille.
La levée de la mesure d’abattement à hauteur de 25% de la base taxable douanière concernant les dix produits alimentaires de consommation courante dont le riz, l’huile végétale, les pâtes alimentaires, les concentrés, etc., entrée en vigueur depuis le 1er janvier dernier, est brandie comme argument par les commerçants pour justifier la persistance de la tendance au ciel des prix.
Argument fallacieux
Pour Gado Habiboulaye, Secrétaire général du syndicat national des agents de transit (SNAT), ‘’le mal est profond, quand même les prix de produits locaux ne font que grimper. Et même concernant les produits importés, l’augmentation ne devrait pas être systématique, du jour au lendemain. Mais très malheureusement, c’est ce qui est constaté actuellement sur le marché’’, déplore Habiboulaye. Pour lui, ce renchérissement des prix des produits n’est pas lié à la levée de l’exonération de 25% de la base taxable par le gouvernement, parce que l’écart n’est pas important.
‘’Si même les prix des produits locaux augmentent du jour au lendemain, c’est une brèche grandement ouverte dans laquelle s’engouffrent les commerçants importateurs pour s’adonner à la même pratique pourtant condamnée par l’Islam’’, indique-t-il. Les consommateurs nigériens souffrent dans leur chair cette cherté du coût de la vie, à cause de la démission des autorités de la transition. Car selon Habiboulaye, il n’y a plus de rupture d’approvisionnement actuellement, les marchandises entrent régulièrement dans le pays. ‘’Le récent convoi de camions de marchandises est arrivé à destination ce dimanche nuit à Niamey. Il n’y a plus de pénurie, c’est simplement la mauvaise foi de certains commerçants qui explique cette flambée des prix des produits sur le marché’’, dénonce Habiboulaye, pointant aussi du doigt la démission du ministère du Commerce. Selon lui, celui-ci ne doit pas se fier aux informations fournies par les commerçants-importateurs.
‘’Le ministère ne doit pas demander au commerçant combien coûte la tonne de riz, le carton de sardine ou le bidon d’huile de 25 litres, etc., jusqu’à Niamey, c’est à lui de mener ses propres investigations pour savoir combien ça coûte réellement. Mais lorsqu’on laisse le commerçant faire le calcul des coûts et fixer son prix de vente, c’est lamentable’’, déplore Habiboulaye. Selon lui, c’est parce qu’on laisse les commerçants fixer eux-mêmes les coûts de leurs produits jusqu’à destination que nous sommes aujourd’hui confrontés à cette cherté exponentielle des prix des produits.