Malgré que le coup d’Etat militaire du 26 juillet soit consommé, certains milieux du PNDS – Tarayya, le parti du président déchu Mohamed Bazoum, qui pensaient avoir un droit particulier sur l’Etat du Niger et qui étaient en lien avec certains lobbies et des puissances étrangères, n’admettent toujours pas la perte du pouvoir. Avec les sanctions économiques et financières de la CEDEAO et de l’UEMOA, ces irréductibles parient sur un essoufflement du mouvement populaire de soutien au Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) et au Gouvernement de transition pour mener des actions déstabilisatrices contre le pouvoir en place. D’ores et déjà, les va-t’en guerre du PNDS se réjouissent des effets de ces sanctions et notamment les retards observés dans les paiements des salaires des fonctionnaires. Curieusement, au même moment, on observe une lenteur dans le départ des troupes françaises présentes au Niger, débuté mardi 10 octobre. Un départ prévu pour s’étaler sur trois (3) mois.
Outre un convoi terrestre sous escorte de l’armée nigérienne en direction du Tchad, trois vols spéciaux ont été enregistrés à l’aéroport de Niamey, deux pour le départ de 97 éléments des forces spéciales et un consacré à la logistique. Pourquoi 97 soldats seulement à bord de deux avions de transport des troupes de type A400M de l’armée de l’Air française ? La soute de l’A400M fait 17,71 m de long, 4 m de large et 3,85 m de haut. D’une surface de 92 m2 et d’un volume cargo de 340 m3, elle permet d’accueillir neuf palettes militaires standard, 116 soldats avec leur équipement, ou encore 66 civières et une équipe médicale de 25 personnes. Et pourquoi deux A400M seulement sont mobilisés alors même que la France en disposait de 22 au 30 novembre 2022 ?
La France n’est pas pressée de quitter le Niger. Bien qu’en mauvaise posture, elle reste inflexible. Chaque jour qui passe, l’intervention de la CEDEAO paraissant de moins en moins probable, certains milieux à Paris appellent à une déstabilisation du Niger. Ils considèrent le départ du Niger comme l’ultime camouflet pour la France au Sahel. Dès lors, leurs visées et celles de certains Nigériens égarés et apatrides se sont rejointes pour se confondre.
Dans un entretien à « Aujourd’hui en France » et « Le Parisien », publié vendredi 29 septembre, le ministre français des Armées, reprenant à son compte les élucubrations d’anciens dignitaires du régime déchu à Niamey, avait prédit des lendemains sombres pour le Niger. Pour Sébastien Lecornu, « le Mali est au bord de la partition et le Niger poursuivra malheureusement la même direction. » Les propos séditieux de Rhissa ag Boula, présenté à tort ou à raison comme un agent de la DGDSE française, auraient-ils trouvé un écho favorable auprès des autorités françaises ? Quoi qu’il en soit, au Niger il n’y a pas de risque de partition du pays et aucun groupe terroriste ne contrôle une portion du territoire national. Néanmoins, les Nigériens doivent faire preuve de vigilance permanente. Le 4 octobre, la ministre française de l’Europe et des Affaires étrangères enfonçait le clou en parlant d’une grande action de déstabilisation interne du Niger. Est-ce pour toutes ces prédictions malheureuses que Paris chercherait à gagner du temps en optant pour un rythme lent du départ de ses troupes ? « Nous assistons à un véritable plan de déstabilisation de notre pays » dont le but est de « créer un sentiment d’insécurité généralisée », a prévenu le CNSP, mercredi 9 août. Mais les Nigériens, décidés à prendre leur destin politique en main et unis derrière le CNSP, sauront faire face à toute menace de déstabilisation d’où qu’elle vienne.