Certains de nos compatriotes sont persuadés que le pronunciamiento du 26 juillet 2023 a surpris tout son monde , y compris les protagonistes de l’événement. Nous voulons parler des prétoriens et des intervenants occultes. De là à soutenir qu’il y a « la main de Dieu » dans toute cette affaire, il n’y a qu’un pas qu’ils franchissent allègement sans se soucier d’aucune forme de rationalité, ou laïcité. Tout comme d’ailleurs l’Oncle Sam, qui met dans ses textes fondamentaux qu’il marche, lui , avec Dieu de son côté ( With God in our side). Admettons, tant qu’il en est ainsi pour nous aussi , Nigériens . Certes, pas à temps plein, mais de temps en temps. L’enchaînement fatidique des faits qui ont conduit aux événements que l’on sait est tel, qu’après coup, on ne peut parler que de fatalisme, donc de déterminisme, voire d’une justice immanente. C’est pour dire que si nos prétoriens qui ont perpétré un coup d’Etat avaient dans l’esprit la pulsion ardente de sauver la Patrie, ce désir était enfoui dans le subconscient et n’était pas traduit dans les actes des premiers moments de la dynamique. En clair, cette posture noble ne prendra forme, investissant le champ conscient, que lorsqu’on a eu besoin de justifier l’action entamée. Faut-il que l’on vous fasse un dessin ?
L’équation Tiani
D’une loyauté à toute épreuve à l’égard de l’ex- président Issoufou Mahamoudou, le chef de la garde présidentielle, le général Abdourahamane Tiani, de notoriété publique, presqu’à son corps défendant, s’est trouvé propulsé à la tête d’un manège dont nul n’avait la maîtrise totale, aux premières heures de l’aventure. Tout naturellement, l’occasion était propice pour lui greffer une préoccupation majeure de la ‘’Grande Muette’’ : la sécurité du pays , préalable de toute action positive.
La CEDEAO entre en action de manière totalement gauche en imposant un blocus économique, inhumain autant qu’illégal, à toute la population nigérienne qui n’avait pas encore pris faits et cause pour les nouveaux arrivants. Souffrant dans leur chair des sanctions illégitimes et abstruses, nos compatriotes ont adopté l’acte réflexe qui consiste à se serrer les coudes en cas de danger commun, et se grouper derrière le CNSP qui vient de voir le jour. Et quand il s’est agi d’envahir militairement le Niger, ce fut le bouquet , poussant la masse populaire à sacraliser ses nouveaux héros. Tiani et ses compagnons doivent beaucoup au Peuple, mais aussi à la maladresse tactique d’Emmanuel Macron et de ses acolytes de la CEDEAO et de l’UEMOA.
La dynamique AES
Personne ne sait jusqu’où elle peut conduire . Soit elle stagne, soit elle dépérit, soit elle gagne en puissance . Nous voulons parler de l’Alliance des États du Sahel ( AES). La stagnation est peu probable. La régression aussi. Il reste son amplification, qui peut emprunter divers parcours. L’ AES peut retourner dans la CEDEAO, par entrisme, pour changer les choses de l’intérieur. Soit elle attend d’être plus forte avec les arrivées escomptées de la Guinée, du Togo, du Tchad, etc., soit elle saute le pas, sachant qu’elle peut déjà s’appuyer sur le Sénégal, un pivot central de l’organisation régionale.
D’une manière ou d’une autre, les trois États initiaux de l’AES, devront trouver une formule plus politique pour renforcer leur union.
Dites-vous, que les États-Unis d’Amérique n’étaient que treize États au départ, et qu’ils sont aujourd’hui quatre fois plus nombreux . Dites-vous aussi que l’Afrique Centrale n’est pas amorphe. Elle aussi est en état d’ébullition, et rêve des États-Unis de cette région. C’est dans l’air du temps. Aucune force, en ce bas monde, ne peut briser cet élan primordial.
Tiani et ses compagnons dans un tel contexte
De gré ou de force, ils doivent prendre sur leurs épaules ce que l’Histoire leur impose et qu’ils ont eux-mêmes provoqué en intégrant son cours. La souveraineté étant le maître-mot en vogue, ici, comme ailleurs, seule une politique de rupture, telle que celle préconisée par le Premier ministre Sénégalais Ousmane Sonko, demeure acceptable, ou même, en cas d’incompréhension des partenaires ou de certains protagonistes, une coupure radicale du cordon ombilical.
C’est au choix. Il ne peut en être autrement. Toute idée d’une recolonisation, sous quelque forme que ce soit, relève de l’utopie en ce siècle multipolaire où la conscience universelle n’est plus orientée par une seule obédience.
Tiani et ses frères d’armes ne peuvent que jouer à l’expectative pour s’engouffrer dans une brèche dès que l’occasion s’offrira. Cela leur a réussi jusque-là. Et pourquoi changer de tactique ? La stratégie demeure la même : l’amélioration des conditions de vie des Nigériens ( le plus grand nombre), en solidarité absolue avec les pays frères et voisins. Rien de plus. Rien de moins. n