A l’instar de celles de nombreux pays du monde, la Oummahislamique nigérienne a débuté le jeûne de Ramadan ce lundi 11 mars 2024. C’est parti pour un mois de privations multiformes, de prières, de dévotion, de charité, etc., dans un double contexte difficile. La première difficulté est d’ordre climatique. Le jeûne intervient cette année durant la période de forte canicule qui commence déjà à s’installer avec ses effets néfastes sur la santé des populations.
Les personnes très âgées, les jeûneurs à la santé fragile et ceux qui travaillent intensément sous la canicule, etc., s’exposent à de risques de déshydratation de l’organisme pouvant entraîner la perte de connaissance. Ces catégories de jeûneurs doivent observer une grande prudence en évitant de trop s’exposer au soleil.
La deuxième difficulté est liée à la persistance de la surenchère autour des principales denrées de première nécessité (riz, sucre, huile, lait, etc.) du fait notamment du problème d’approvisionnement régulier de notre pays en produits alimentaires et autres biens de consommation depuis 7 mois aujourd’hui. Une situation très pénible engendrée par les sanctions illégales et sauvages imposées à notre pays par la CEDEAO suite au coup d’Etat militaire du 26 juillet 2023 ayant renversé le président Bazoum.
Lesquelles sanctions se sont entre autres traduites par la fermeture systématique de leurs frontières avec notre pays par les autorités béninoises et nigérianes. Cette intention manifeste de la CEDEAO de nous asphyxier en nous privant de nourriture et de médicament, indépendamment du gel de nos avoirs logés à la BCEAO, a été déjouée grâce au soutien du Burkina Faso et du Togo qui ont accepté de faciliter l’acheminement de nos marchandises à partir de leurs territoires.
Malgré la réouverture de leurs frontières par le Bénin et le Nigéria intervenue le 24 février dernier suite à la levée partielle des sanctions de la CEDEAO, l’acheminement des produits se poursuit toujours par le corridor Kaya-Dori-Téra, Niamey ayant refusé d’ouvrir jusqu’ici ses frontières, redoutant la perpétration d’actes de déstabilisation réels ou imaginaires à partir des territoires des deux pays voisins où les soldats français chassés de chez nous auraient implantés des bases militaires.
C’est en tout cas la psychose savamment entretenue dans l’esprit des populations par les autorités pour justifier la prolongation de la fermeture de nos frontières avec le Bénin et le Nigéria. Cette posture de Niamey peut-elle résister à la critique ? En quoi nous met-elle actuellement à l’abri de telles menaces présumées ?
A partir du moment où les échanges se sont poursuivis sans discontinuer entre les deux pays par voie fluviale, pourquoi ne pas alléger les souffrances des populations en rouvrant les frontières terrestres et permettre ainsi la reprise de l’approvisionnement régulier en marchandises de notre pays par ce circuit moins compliqué ?
En procédant bien sûr au renforcement du dispositif sécuritaire et de contrôle des usagers ? Cette option est vivement souhaitée par les consommateurs durant ce mois de jeûne de Ramadan, car permettant d’estomper net les pénuries artificielles et la spéculation débridée des prix des denrées alimentaires de première nécessité auxquelles s’adonnent les commerçants véreux. Illustration de ces pratiques mafieuses, le riz et le sucre en carton (si on en trouve) sont subitement devenus des denrées rares et hors de prix, malgré les assurances données par le ministre du Commerce quant à leur disponibilité en quantité, à quelques semaines du Ramadan, à la suite de visites d’inspection des magasins et entrepôts de commerçants grossistes.
Si les conditions d’approvisionnement régulier du pays sont recréées, les spéculateurs seront obligés de sortir les produits qu’ils ont en caches et de rabaisser les prix. Il faut atténuer les souffrances des consommateurs qui ne savent actuellement à quel saint se vouer, devant l’impuissance des pouvoirs publics à s’imposer aux commerçants.
Dans tous les cas, l’entrée en service effective dans quelques semaines de la plateforme d’exportation du brut d’Agadem au terminal de Sèmè (Cotonou) imposera la réouverture de notre frontière avec le Bénin.