Le 20 mars 2014, Garba Lompo, un ancien ministre, est nommé président du Conseil d’administration de la Société nigérienne d’urbanisme et de construction immobilière (SONUCI) par décret n° 2014 – 185/PRN/MU/L. N’ignorant peut-être pas qu’il existe une relation positive entre une bonne gouvernance d’entreprise et les bonnes performances de celle-ci, il annonce dès sa prise de fonction sa volonté de voir la SONUCI renouer avec l’orthodoxie financière afin de garantir sa solvabilité.
Une inspection générale avait mis en évidence les contours d’une gestion opaque de la société, et ce, depuis 2012. Il a été relevé notamment des dettes cumulées injustifiées de l’ordre de 5 milliards de francs CFA. Mais la volonté affichée par Garba Lompo n’est pas pour plaire à tout le monde au sein de la SONUCI, devenue une vache à lait pour certains. Alors même que l’article 2 du décret ci-dessus cité a prévu que le PCA bénéficie des indemnités et autres avantages prévus par les textes en vigueur, l’intéressé n’en bénéficiera que durant une seule année. Pendant qu’il était en séjour en France, les statuts de la société, qui datent de 2004 et sur la base desquels il avait pris fonction, seront modifiés en catimini. Les prérogatives du PCA Garba Lompo sont réduites au strict minimum. Plus grave, il ne percevra plus ses indemnités et avantages jusqu’en mars 2018, date à laquelle il est remplacé. Où sont passés ces indemnités et avantages qui tourneraient autour de 32,5 millions de francs ? Ont-ils été régulièrement versés et perçus par quelqu’un d’autre ? Sommes-nous en présence d’un acte de détournement de deniers publics ?
En novembre 2022, Garba Lompo saisit le procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey pour notamment faux et usage de faux en écriture publique. Mais sa plainte restera sans suite. Avait-on voulu protéger un des protagonistes de cette affaire : Hassane Moussa Barazé, ancien directeur général de la SONUCI devenu ministre ? Quoi qu’il en soit, il faudra attendre onze (11) longs mois pour voir cette plainte être enfin réactivée, en ce mois d’octobre 2023. La police judiciaire est saisie d’une enquête préliminaire. C’est ainsi que plusieurs responsables de la SONUCI sont auditionnés ce mardi 24 octobre.
Il faut rappeler qu’à la suite de l’inspection générale, un rapport circonstancié avait été transmis au Parquet de Niamey. Et le 08 juin dernier, les personnes mises en cause dans ce rapport ont été auditionnées par un juge d’instruction du pôle judiciaire spécialisé en matière économique et financière du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey. Les infractions reprochées vont du détournement de deniers publics au faux en écriture publique en passant par le blanchiment de capitaux. Les personnes auditionnées ont été laissées en liberté à l’exception de deux d’entre elles, placées sous mandat de dépôt à la maison d’arrêt de Niamey. Il s’agit d’un ancien Directeur général, relevé de ses fonctions le 18 mai 2023, et d’un ancien DG intérimaire. Affaire à suivre…