Dans la nuit du 4 au 5 avril 2012, le ‘’Petit Marché’’ de Niamey était ravagé par un violent incendie. Depuis lors, les victimes, bien que recasées ailleurs, n’avaient que ces mots sur les lèvres : « Ce qu’on veut des autorités, c’est de nous reconstruire le ‘’Petit marché’’ ». Ce 7 février 2024, une réunion s’est tenue à l’Hôtel de Ville de Niamey entre le Maire-Président du Conseil de Ville et les anciens occupants du marché. Objectif : échanger sur les voies et moyens de dépoussiérer et concrétiser le projet de reconstruction du ‘’Petit Marché’’, pour lequel il existait déjà une maquette et un partenaire financier qui est la banque BSIC Niger. Mais quarante-huit heures seulement après cette rencontre, le Gouverneur de la région de Niamey, le Général de Brigade Assoumane Abdou Harouna, adresse une correspondance au Président du Conseil de Ville de Niamey pour l’informer de l’opposition du pouvoir en place au projet de reconstruction du marché, le site étant destiné pour autre chose. Le souhait des commerçants de voir ‘’leur’’ marché renaître de ses cendres n’est pas près de se concrétiser. Le projet est en effet aujourd’hui enterré. Et selon un élu du Conseil de Ville, les militaires seraient déjà en possession de l’acte de cession du site de l’ancien ‘’Petit Marché’’. Contacté par nos soins, un collaborateur du Maire-Président du Conseil de Ville n’a ni confirmé ni démenti cette information. En revanche, il reconnait l’existence de la correspondance du Gouverneur de Niamey adressée à Oumarou Dogari Moumouni.
Mais que veulent faire les militaires de ce site de l’ancien ‘’Petit Marché’’ de Niamey ? Eriger un mémorial pour immortaliser la mémoire de leurs frères d’armes tués lors des attaques terroristes ? Pour rappel, l’ancien président Issoufou Mahamadou avait, le 14 octobre 2020, posé la première pierre d’un tel monument, mais qui n’a jusqu’à-là pas vu le jour. Certes, un mémorial militaire est important, et la Place Anoutab est tout à fait indiquée pour accueillir ce mémorial, mais un marché moderne répondant aux normes internationales, avec plusieurs niveaux et parkings souterrains, serait le mieux indiqué sur le site tant convoité. Un marché moderne de ce type serait une réponse pratique à l’installation anarchique des kiosques de commerce, à l’occupation illégale des trottoirs et des aires en dessous des échangeurs dans la Ville de Niamey. Ces manquements sont autant de signes révélateurs de la difficulté qu’à la capitale à être en phase avec les attentes croissantes des citadins pour un avenir durable et prospère. La construction de marchés est de nature à améliorer le visage de la capitale et à favoriser les activités économiques. Au Bénin où on a compris cela, le gouvernement du président Patrice Talon avait lancé en décembre 2019 un vaste projet de construction de 35 marchés modernes urbains et régionaux. Le premier lot a porté sur 9 marchés tous construits à Cotonou pour un coût total de 32 milliards de francs CFA. L’ancien ‘’Petit Marché’’, c’était un lien historique et affectif avec la Ville de Niamey, il doit donc renaître de ses cendres.