« Il y a aura de nouvelles implantations au Niger. Notre objectif est que notre frontière avec le Mali soit sécurisée (…) Les nouvelles bases ne seront donc pas loin de Ménaka et de Gao », a déclaré le chef de l’État dans une interview qu’il a accordée au journal Le Figaro le 17 février 2022. Cette annonce est faite à un moment où la polémique sur l’installation des forces militaires étrangères au Niger est à son paroxysme. Comme pour atténuer les critiques, le ministre des Affaires étrangères a laissé entendre : « le président de la République, bien qu’il n’ait pas d’obligation de saisir le Parlement, a demandé au Premier ministre d’engager la responsabilité du gouvernement au Parlement sur cette question. Donc il y aura un débat parlementaire, qui sera sanctionné par un vote », a dit Hassoumi Massaoudou sur les ondes de RFI.
« Il n’y a absolument pas de redéploiement ou de repositionnement de Barkhane au Niger (…) Cependant, un dispositif pourra par la suite être adapté au Niger sur la demande des autorités militaires nigériennes […] une fois que l’approbation politique du soutien occidental sera obtenue », a tenté de tempérer le général Laurent Michon, commandant de la force française Barkhane. Il y a quelques jours, les Nigériens ont appris la présence à Niamey (depuis le 1er mars) du colonel Hervé Pierre, le tout nouveau patron de Barkhane. En clair, sans attendre l’aval de l’Assemblée nationale nigérienne, les forces militaires françaises ont déjà pris leurs quartiers au Niger. C’est ce qui s’appelle mettre la charrue avant les bœufs. Le redéploiement de Barkhane au Niger serait-il joué d’avance ? Oui, répondent nombre d’observateurs. Tout comme beaucoup de citoyens estiment que les députés nationaux seront bientôt appelés à une mascarade. Il est évident que les assises du Parlement qui pointent à l’horizon n’auront rien d’une procédure de consultation. L’Exécutif n’a pas besoin de l’avis des représentants du peuple pour dérouler le tapis rouge aux soldats tricolores. Dans un récent compte-rendu des opérations, l’État-major des armées françaises précise que « 75% des effectifs de la force Barkhane ont été relevés (…) Un convoi d’une soixantaine de véhicules – dont 40 civils – a quitté Gao pour arriver à Niamey [Niger], le 19 mars. » Autrement dit, les troupes françaises sont déjà entre nos murs. Sous peu, Seini Oumarou va convoquer un vrai-faux débat à l’Assemblée nationale. L’issue du ‘’vote’’ est connue d’avance. Pour donner un semblant de légalité au deal qu’il a noué avec Paris, Bazoum Mohamed peut compter sur son armée de députés godillots.