Dans l’espace qui délimite aujourd’hui le Niger et le Nigéria, aussi loin que puisse remonter la mémoire des autochtones, on a enregistré le règne des grands ensembles humains, voire des empires bien structurés, favorisant l’interpénétration des clans, des ethnies et des civilisations, au fil des siècles.
Des liens inaltérables se sont tissés entre diverses populations de ces régions, au-delà même des cadres linguistiques et juridico-étatiques. Clin d’œil malicieux de l’histoire : les deux pays ont pour racine le nom du fleuve qui les relie, le Niger. Soit dit en passant, le vocable ne vient pas du latin niger qui veut dire noir, mais du berbère ( le fleuve des fleuves) selon certains grands linguistes. Enfin, un dernier argument, mais pas le moindre, les Haoussas représentent l’ethnie dominante aussi bien au Niger francophone, qu’au Nigéria anglophone. Quiconque feint d’ignorer ces données de base est, nécessairement, en déphasage criard avec la réalité. Niger-Nigéria, c’est une histoire d’affect, comme dans la chanson de Serge Gainsbourg et Brigitte Bardot : je t’aime… moi non plus
Rappels historiques
Inutile de remonter à trois millénaires dans le passé des deux (2) pays, quand l’empire Nok s’étendait jusqu’à Ife (Bénin actuel). Contentons-nous de noter qu’au 7eme siècle, l’empire Songhay, avec pour capitale Gao, (Askia Mohammed) va prospérer, mais cèdera sa prééminence aux Peulhs et aux Touaregs du 18eme siècle au 19eme siècle dans l’espace septentrional, tandis que l’empire du Kanem, puis Kanem-Bornou naissant, finira par s’étendre sur toute la région du Liptako jusqu’à Ouaddaï (Tchad). Avec comme guide Ousmane Dan Fodio (18-19eme) et son califat devenu empire de Sokoto. D’ailleurs, jusqu’aujourd’hui, le Sultan de Sokoto, héritier d’Ousmane Dan Fodio, est l’Autorité musulmane la plus respectée de la région. Les Haoussas s’établissent dans le sud du Niger, et donc, dans le nord du Nigéria, tout le long d’une frontière de 1690 kms, tandis que les Yoroubas se concentrent au sud-ouest, avec une population représentant environ 18% de l’ensemble. Bola Tinubu, issu de cette dernière ethnie, président en exercice de la conférence des chefs d’états et de gouvernement de la CEDEAO, prétend dresser les frères d’une ethnie (les ¾ de la population) les unes contre les autres. Et surtout pour quelles raisons existentielles ? En tant qu’homme d’affaires, a-t-il trempé dans des combines illégales, voire criminelles, qui le laissent aujourd’hui à la merci des intérêts exogènes lui dictant sa conduite abstruse ? Qui sait ?
L’altruisme, seconde nature du Niger
Dans les années 1972, une terrible disette a menacé le Mali. Sans tergiverser, le président Diori Hamani a fait parvenir des vivres puisés sur le stock de son pays pour soulager ses voisins. C’est ce même chef d’Etat, Diori Hamani, qui, bravant toutes les pressions extérieures, a catégoriquement refusé, que son pays serve de base arrière pour les insurgés Ibos, en quête d’un Etat indépendant dans le sud, le Biafra. Sans la solidarité agissante du Niger, la partition de ce pays, aurait été chose faite. En suivant sa posture, extrêmement courageuse, pour l’époque, Diori Hamani a aussi refusé, que les armes destinées aux rebelles transitent par son pays. C’est assez pour que Jacque Foccart, l’estampille hostile à la France. Ajouté au relèvement du prix de l’uranium qu’il revendique fermement, on frôle, quasiment, le crime de lèse-majesté. Ou, à tout le moins, le casus belli. Et naturellement, l’Hexagone a fermé les yeux, sur la préparation et la réussite du coup d’Etat de Seyni Kountché, le 15 Avril 1974. Personne, en effet, ne peut croire, que les Autorités françaises n’étaient pas au parfum. C’eut été un comble. Tant d’abnégation et d’altruisme, mis à bas, par un individu sous emprise extérieure ? Aucune conscience nigériane, un tant soit peu, élevée, ne pourra l’admettre. A moins que le faraud Tinubu, ne revienne à de meilleurs sentiments, nous craignons que son avenir politique ne soit sérieusement, et de manière imminente, compromis.
Le Niger et le Nigéria, comme hier, comme demain, continueront à se serrer la main, quand Tinubu ne sera plus là.