Le Président Mohamed Bazoum a présidé, mercredi 25 mai 2022, une réunion de haut niveau sur le Programme pôle agro-industriel en présence du Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou et des ministres sectoriels concernés par l’initiative. Il s’agit, à travers cette rencontre, de faire ‘’le point sur le lancement bientôt du programme des pôles agro-industriels intégrés en créant un parc agro-industriel dans chaque région pour la transformation et la commercialisation des produits issus des chaînes de valeurs retenues. L’objectif étant la modernisation du monde rural et la transformation structurelle de notre agriculture’’, lit-on dans un bref résumé de la réunion publié sur le site de la présidence. Comme on le sait, ce programme est annoncé par le président Bazoum dans son adresse à la nation, à l’occasion du 18 décembre 2021 relativement au volet sécurité alimentaire : ‘’Nous allons bientôt lancer notre programme des pôles agro-industriels intégrés en créant un parc agro-industriel dans chaque région pour la transformation et la commercialisation des produits issus des chaînes de valeurs retenues’’. Créer des pôles agro-industriels dans chacune des 8 régions de notre en fonction de leur potentiel agricole spécifique est louable comme ambition. Cela contribuera sans nul doute à offrir des emplois à la jeunesse. Mais encore faudra-t-il développer ces potentiels agricoles pour permettre aux unités industrielles qui seront créées de tourner toute l’année. Ce qui n’est pas une mince affaire. L’agriculture, telle qu’elle se pratique actuellement dans notre pays, est familiale. C’est une agriculture de subsistance qui permet à peine aux paysans de se nourrir et de faire face à certains besoins non-alimentaires pendant quelques mois de l’année. Là encore, quand la production agricole est relativement bonne. Ce qui n’est pas le cas depuis des décennies dans quasiment toutes les régions du pays en ce qui concerne notamment les cultures vivrières, à cause des sécheresses récurrentes. Même quand la production est jugée excédentaire, l’on enregistre chaque année des poches de déficit ici et là dans le pays, contraignant le gouvernement à solliciter le soutien des partenaires financiers et techniques
pour combler le déficit en vue d’assister les populations affectées par la crise alimentaire. L’initiative vise peut-être la promotion des cultures de rente et les légumineuses. A ce niveau également, le défi de la production en abondance pour faire tourner les unités industrielles à plein régime ne manquera pas de se poser. Avec quelles ressources les petits paysans parviendront-ils à booster leur production pour satisfaire la demande des unités industrielles agricoles ? Pour sûr, la mise en œuvre de l’Initiative ‘’3N’’ (les Nigériens nourrissent les Nigériens) de son mentor et prédécesseur Issoufou Mahamadou, qui a absorbé des milliards de francs CFA, n’a pas permis d’atteindre l’objectif visé. Avec une agriculture de subsistance, ce nouveau programme de Bazoum nous paraît irréaliste dans le contexte actuel. Et même si Bazoum arrive à le concrétiser, l’autre gros défi à relever reste celui de la compétitivité sur le marché des produits alimentaires sortis des industries agro-alimentaires. Le coût de production desdits produits sera-t-il supportable pour permettre aux consommateurs nigériens d’y accéder ? Rien n’est moins sûr ! Les réflexions à mener dans le cadre de ce programme doivent prendre en ligne de compte ces différents paramètres pour une viabilité des futures unités agro-industrielles de Bazoum.
- Seyni