Lors du Conseil des ministres du 14 octobre dernier, le gouvernement de transition a procédé à la nomination d’un nouveau patron à la tête du Haut-commissariat à l’organisation du Hadj et la Oumra (COHO), en la personne de Cheikh Ali Salah Hamouda, une personnalité bien connue du grand public, pour avoir occupé dans un passé récent le portefeuille ministériel des Affaires religieuses.
Pourquoi cet empressement à changer le Haut-commissaire du COHO alors qu’il y a des chantiers autrement plus urgents sur lesquels le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) et le gouvernement doivent concentrer leurs efforts ?
‘’La réforme du COHO est aussi un enjeu très urgent au regard de la délicate mission qui lui est assignée à savoir l’organisation du Hadj dans notre pays, qui est émaillée d’une édition à une autre d’innombrables difficultés liées notamment au transport, à l’hébergement et à la restauration des pèlerins en Terres Saintes de l’Islam’’, a déclaré un responsable au ministère de l’Intérieur proche du dossier.
‘’Le temps presse, le changement à la tête de la structure s’imposait à la lumière de l’organisation désastreuse de l’édition précédente où des vidéos et des témoignages montrant nos pèlerins dormant dans des halls d’immeubles ou sous des ponts, sans nourriture et sans soins, chassés par des tentes d’autres pays, comme des clochards, toute chose qui a contribué à ternir l’image de notre pays’’, justifie-t-il.
Selon lui, c’est pour éviter la réédition de ce genre de souffrance à nos pèlerins lors de la prochaine édition que le gouvernement a cru devoir s’intéresser au COHO afin que le nouveau Haut-commissaire et son équipe s’attèlent rapidement au travail titanesque qui les attend.
La politisation à outrance du COHO par le régime déchu, qui en a fait une structure de placement de ses militants et d’octroi de contrats de prestation à sa clientèle n’est pas étrangère aux graves manquements récurrents constatés depuis plus d’une décennie dans l’organisation de ce pilier important de l’Islam.
La première difficulté réside, comme on le sait, dans le transport aller-retour des pèlerins. Elle est imputable au choix systématique d’un avionneur dont on sait incapable d’honorer le contrat, mais qui est malgré tout privilégié en raison de ses accointances avec le régime.
Le nouveau Haut-commissaire doit mettre fin à cette mascarade qui n’a que trop duré afin d’épargner aux pèlerins l’angoisse et le stress à chaque édition du Hadj.
Mais il se doit surtout d’associer pleinement le personnel de l’Ambassade et du Consulat du Niger à la Mecque et à Médine aux réunions préparatoires et d’évaluation de l’événement.
Pour sûr, nous avions appris de source crédible que ce personnel, qui abat un travail colossal chaque année pour faciliter le séjour en Terres Saintes de nos pèlerins (établissement des documents administratifs, accueil des vols, convoyage des vols réguliers et charters, orientation, etc.) n’a été associé à aucune réunion organisée à Médine ou à la Mecque par le COHO lors de l’édition précédente.
‘’Rarement, ils invitent l’Ambassadeur et le Consul aux réunions qu’ils organisent secrètement parfois avec certains chefs d’agence complices. Et quand les pèlerins ont des problèmes, c’est à nous de les solutionner en tant qu’agents des représentations diplomatiques de notre pays’’, déplore, amer, la source.
Pour elle, le nouveau Haut-commissaire et son équipe doivent mettre fin à cette exclusion, mais surtout plafonner le nombre d’agents du COHO qui effectuent le déplacement des Terres Saintes aux frais de la princesse.
‘’Lors de la précédente édition, c’est pratiquement toute l’équipe du COHO, plus de 70 personnes, qui a fait le déplacement pour certains à ne rien faire, en terme d’assistance aux pèlerins’’, a-t-elle constaté.
‘’Pendant que les pèlerins souffraient, sans gîte, sans nourriture et sans soins, le COHO a loué deux grands appartements à son équipe à la Mecque et à Médine avec des perdiems journaliers colossaux’’, illustre-t-elle.
Pour réussir sa mission, Cheikh Ali Ben Salah Hamouda doit arrêter toutes ces pratiques mafieuses qui se font sur le dos des pèlerins et mettre définitivement de l’ordre dans la fourmilière des agences de pèlerinage.
Le contexte politique actuel est en tout cas favorable pour mener les réformes indispensables dans le secteur.