Devant les sollicitations en sourdine au sein de l’opinion nationale pour un retour de notre pays au sein de la CEDEAO, le Premier ministre, Ali Mahamane Lamine Zeine, a initié récemment une rencontre avec les opérateurs économiques de notre pays, en présence de certains membres du gouvernement et diplomates pour clarifier les raisons profondes pour lesquelles le Niger n’entend pas faire machine arrière. Lamine Zeine a mis à profit la rencontre pour faire le point sur la situation financière et économique ainsi que sur le plan des relations avec les partenaires techniques et financiers (PTF) du pays depuis les événements du 26 juillet 2023 à nos jours.
Pas de rétropédalage
Le Niger a quitté la CEDEAO de façon irréversible, après son retrait concerté, en janvier 2024, de l’organisation économique communautaire ouest-africaine, en même temps que le Burkina Faso et le Mali. C’est ce qu’on peut retenir de l’intervention du PM, qui a fourni les raisons pour lesquelles un rétropédalage n’est plus possible. Pourquoi renouer avec une institution qu’on a grandement contribué à créer et qu’on a entretenue et qui devient menaçante contre vous ? C’est de manière schématisée la première raison avancée par Lamine Zeine, détaillant le rôle joué par tous les présidents qui se sont succédé au pouvoir, depuis Diori Hamani jusqu’au dernier président, pour renforcer l’organisation en vue de l’atteinte des objectifs pour lesquels elle a été créée, à savoir l’intégration sociale et économiques des populations de l’espace sous-régionale.
Le cas sur lequel il a particulièrement insisté est celui du regretté Mamadou Tanja, qui a fait trois mandats successifs à la tête l’organisation sur instance de ses pairs chefs d’Etats et qui s’est farouchement opposé à des sanctions contre le Togo lors de la crise politique profonde vécue par ce pays, suite au décès de Eyadema père. ‘’Tout le monde sait comment ça s’est passé, avec tact et sagesse. Grâce aux consultations avec l’ensemble des membres qui composaient l’institution, on est parvenu à résoudre le problème’’, a rappelé le Premier ministre. Cette voie de la sagesse consistant à privilégier l’option de la concertation pour surmonter la crise n’a malheureusement pas prévalu lors du coup d’Etat militaire qui a renversé le président Bazoum Mohamed, selon le PM.
Mesures punitives drastiques
‘’Qu’est-ce qui s’est passé quand ils ont pris la décision de nous punir ? On a, à un moment donné, entendu dire que le Niger ne voulait pas négocier. Non ! C’est des contrevérités. Nous avons envoyé 4 ministres, celui en charge de la Justice, le ministre directeur de cabinet du chef de l’Etat, le ministre des Affaires étrangères et le ministre porte-parole du gouvernement’’, a-t-il énuméré, déplorant l’accueil qui leur a été réservé à Abuja, la capitale nigériane, alors qu’ils y avaient fait le déplacement pour tenter de négocier. ‘’Le partenaire nigérian et certains parmi ceux qui sont autour du chef de l’Etat ont menacé notre pays. Ils ont dit que leur pays dispose de plus d’un million de soldats, ils vont nous envahir’’, a révélé Lamine Zeine. Comment le Niger peut-t-il retourner dans une telle institution, qui menace ouvertement de l’agresser militairement ? Outre cette menace ouverte d’agression armée, les Nigériens ont vécu dans leur chair les sanctions illégales et sauvages de l’organisation, qui est caporalisée par des puissances occidentales, pendant de longs mois et continuent à en souffrir d’ailleurs aujourd’hui encore. Nul besoin de revenir sur les détails de ces sanctions, mais ces arguments sont très solides pour justifier le retrait définitif de notre pays de la CEDEAO.