Deux mois après le renversement du président Mohamed Bazoum par un coup d’Etat militaire, le 26 juillet 2023, la rupture avec l’ancien système n’est pas une réalité. Les secrétaires généraux des ministères, et leurs adjoints, piliers du régime déchu, sont en effet toujours en place. A cause de ce maintien, l’actuel gouvernement dirigé par Lamine Zeine Ali Mahaman est l’objet de critiques au sein de l’opinion et plus particulièrement dans les rangs des organisations de la société civile.
C’est pourquoi il faut construire des institutions plus fortes que les individus et leurs vieux réflexes hérités de l’ère Issoufou. Tous ceux qui ont gravité, à un moment ou à un autre dans les arcanes du pouvoir, sous Issoufou comme sous Bazoum, ont les yeux de Chimène pour Tiani et Lamine Zeine et tentent par tous les moyens de proposer leurs services. Mais l’état de grâce est fini. L’euphorie née de la chute de Mohamed Bazoum s’est dissipée. Avec les écueils apparus, il faut un changement d’hommes à même de conduire la barque à bon port. Le Niger, sous la conduite du pouvoir militaire, ne doit pas rater son rendez-vous avec l’histoire. L’Administration doit être animée aujourd’hui par des hommes qui ont la même vision que le Conseil National pour la Sauvegarde de la Nation (CNSP). Ce qui ne semble pas être le cas de la plupart des secrétaires généraux des ministères. Certains d’entre eux, connus pour être des militants notoires et zélés du PNDS – Tarayya, n’ont pas hésité à marquer leur soutien au président déchu Mohamed Bazoum dans la soirée du mercredi 26 juillet 2023. C’est au cours de cette manifestation dispersée par la garde présidentielle par des tirs de sommation que le secrétaire général du Ministère du Commerce a été blessé à la main (un exemple parmi tant d’autres). Si le directeur général des impôts, qui avait participé à la même manif, a été rapidement demis de ses fonctions, pourquoi ce secrétaire général, lui, continue d’être à son poste ? Du deux poids, deux mesures de la part du gouvernement et du CNSP ? Sanctionner certains et tolérer d’autres alors qu’ils avaient tous défié le pouvoir militaire est une grosse erreur de la part du CNSP. Si cet acte restait impuni, il est évident que cela pourrait conduire leurs auteurs à se croire tout permis, à rester exclusivement au service d’un clan politique. Et l’on pouvait faire un parallèle avec le meeting de soutien au CNSP prévu à Tahoua ce mercredi 27 septembre mais reporté au samedi 30 septembre. Ce meeting projeté par des partisans de l’ancien président Issoufou Mahamadou serait plutôt un ballon d’essai en termes de mobilisation dans la perspective d’une interpellation de leur champion.