La communauté musulmane de notre pays a célébré, vendredi 21 avril 2023, l’Aïd El Fitr ou fête de Ramadan, consacrant la fin du mois de jeûne de Ramadan. Au regard de certaines pratiques que nous avons pu observer au niveau des points de vente de volaille, nous sommes en droit de soutenir que de nombreux fidèles musulmans ne mangent pas hallal le jour de la fête. De quoi s’agit-il ?
Comme on le sait, ces points de vente sont en même temps aujourd’hui des abattoirs où la volaille est égorgée, plumée et apprêtée pour la cuisson par des jeunes gens qui assistent les vendeurs de volaille et gagnent leur vie à travers cette activité. Du fait de la forte consommation de volaille à cette occasion, la clientèle se bouscule au niveau desdits points de vente et de nombreux clients recourent au service de ces jeunes pour apprêter les pintades et les poulets sur place. Les vendeurs n’ayant pas eux-mêmes le temps d’égorger ce jour-là, ils délèguent cette tâche à leurs jeunes assistants engagés aussi dans une course contre la montre pour engranger beaucoup d’argent en apprêtant le maximum de volaille. Tout bon pratiquant est choqué de voir comment les poulets et les pintades sont égorgés à la va vite sur de monticules de plumages, sans aucun respect du rite musulman et parfois même debout par les jeunes gens à l’aide de canifs bien aiguisés. Pour aller vite, certains d’entre eux ne se donnent même pas la peine de détacher les poulets attachés par les pattes par pièce de deux voire trois ou même quatre pour procéder à l’acte. Et aussitôt égorgée la volaille qui bat encore de l’aile est immédiatement jetée dans l’eau bouillante du récipient posé sur le feu. De nombreux clients ne se préoccupent même pas de savoir si les personnes qui leur égorgent la volaille parmi lesquels de nombreux adolescents prient effectivement, le plus important à leurs yeux c’est d’être servis. Point ! Les rares clients qui tentent de protester contre la façon de faire de ces jeunes assistants sont souvent rabroués sans ménagement avec des remontrances du genre : ‘’Vous n’avez pas confiance en nous non ? Alors venez égorger vous-même, nous ne sommes pas obligés de le faire à votre place’’. ‘’Vous n’êtes pas le seul client ici, voyez tout ce monde qui attend ; si notre façon de faire ne vous convient pas, vous êtes libres de reprendre vos poulets et aller voir ailleurs’’. Alors qu’ils sont rétribués entre 200 et 250 francs CFA par endroit la pièce de volaille plumée et dépouillée de ses viscères, ces jeunes dépeceurs font montre d’une insolence sans borne contre la clientèle dont ils abusent d’ailleurs de la confiance sans scrupule souvent.
Triche, mode d’emploi
Comme la volaille de plusieurs clients est plongée simultanément dans le même récipient d’eau bouillante, il leur est facilement loisible de substituer vos poulets avec ceux d’autrui ou même carrément avec des poulets cadavérisés dissimulés dans l’eau bouillante du récipient avec ceux égorgés. Ils sont tellement rapides en ‘’déplumage’’ et en extraction des entrailles de volaille qu’il faut être très vigilant pour ne pas se faire gruger à cette étape. Pour sûr, c’est vite fait avec les clients qui se mettent à l’écart pour attendre sagement qu’on leur remette la volaille apprêtée pour la cuisson. Dans les parages du marché Wadata, du côté de la Ceinture Verte, nous avions été personnellement témoin à distance d’une scène insolite la veille de la fête, une dame bien vêtue en train de négocier avec un monsieur des cadavres de pintades à une distance rapprochée d’un point de vente de volaille. Intrigué par la scène, nous avions cherché à savoir ce qui se tramait là-bas en interrogeant un vendeur. Celui-ci nous répondit sec : ‘’C’est une scène de marchandage, elle veut les acheter ; ils discutent sur le prix de vente’’. Sur la base de cette explication fournie par le vendeur de volaille, nul besoin pour nous de chercher à en savoir plus, notamment ce qu’elle comptait faire des cadavres de pintades. C’est une viande impropre à la consommation humaine, mais qui finira sa course dans des ventres dans une de ces gargotes de la capitale où la clientèle se bouscule chaque jour à cause des bas prix pratiqués par la tenancière. Il n’y a plus de cadavres de poulets et de pintades dans nos grands centres urbains avec la floraison et la prospérité de rôtisseries sur les trottoirs et des gargotes. Et pour véritablement consommer hallal, les clients ont intérêt à se donner la peine d’égorger eux-mêmes leur volaille ou le faire faire par une personne de confiance.