« Élites dirigeantes corrompues », cette accusation est entrée dans le langage courant depuis l’avènement de la démocratie dans notre pays. Les soupçons de fortunes illicites portés contre les politiciens sont aussi vieux que l’Etat du Niger. « Diori possédait déjà un appartement à Paris, au 39 rue Scheffer, dans le prestigieux 16e Arrondissement, acquis 170 000 FF à travers son ambassadeur. En 1968, il y ajouta une maison à 1,2 million de francs (60 millions de francs CFA) sur l’île de Villenne, sur la Seine. Le département d’État américain en tira du coup la conclusion que le régime était moins intéressé par des questions d’idéologie que par les avantages liés au pouvoir », écrit Klaas van Walraven dans le « Le désir de calme ». Cet ouvrage dédié au SAWABA de Djibo Bakary est une véritable mine d’informations sur les premières années du Niger indépendant. En Afrique, autant les régimes hermétiques sont propices aux détournements des deniers publics, autant la démocratie peut ‘’servir à légaliser la corruption’’.
« La tragédie de l’Afrique, c’est la scandaleuse impunité qui protège ses élites, responsables du pillage systématique des ressources de leurs pays », pointe du doigt l’ancien diplomate mauritanien Ahmedou Ould Abdallah. Et d’ajouter : « La concentration du pouvoir et des richesses aux mains des élites est un mélange cancérigène devenu de plus en plus une marque dans nos pays. » Comment en finir avec ce mal ? « Pour s’attaquer à la corruption, il faut une presse libre, une police libre et une justice indépendante. Aucune de ces trois conditions n’est remplie en Afrique. La justice est entre les mains d’un groupe oligarchique », note Ahmedou Ould Abdallah. Autrement dit, ce n’est pas demain que la vertu politique sera érigée en principe de démocratie, le souhait de Montesquieu. Allons au-delà du stade du constat, osons dire les choses très clairement, à savoir que les ‘’Ripoubliques’’ (Républiques de ripoux) sont très répandues en Afrique. Nous élisons des gangsters pour nous gouverner.