Il est une éthique commune à toutes les religions monothéistes, la règle d’or : « Traite les autres comme tu voudrais être traité » ou « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ». En somme, c’est la « réciprocité des attitudes et des comportements souhaités par chacun dans ses relations interpersonnelles, collectives et planétaires. » Au Libéria, dans la nuit du 11 au 12 avril 1980, la résidence officielle du chef de l’État est investie par un groupe de soldats conduit par le sergent-chef Samuel Doe. Surpris dans son sommeil, le président William Tolbert est exécuté d’une balle dans la tête avant d’être éventré. Le 23 juillet 1990, les rebelles du National Patriotic Front of Liberia (NPFL) commandé par Charles Taylor entrent dans Monrovia. Le 10 septembre de la même année, le président Samuel Doe est torturé avant d’être déchiqueté à coup de rafales de kalachnikov. « Le président libérien est mort comme il a dirigé son pays et traité ses adversaires : en toute inhumanité », écrit un journaliste.
Doe a supplié ses bourreaux, il n’a pas eu le courage de supporter les sévices qu’il a infligés aux autres. Dans un registre moins sanglant, les soutiens de Bazoum Mohamed encaissent mal les mêmes attaques que leur mentor n’a eu de cesse de porter contre les autorités maliennes. Des mois durant, le président du Niger a ignoré la fameuse règle d’or en s’en prenant vertement au gouvernement malien. Il a suffi d’une première réaction de Bamako pour provoquer la furie des porte-flingues de la Renaissance 3. En invectivant sans cesse les dirigeants maliens, Bazoum Mohamed n’a pas tenu compte d’un possible retour de boomerang. Les cris d’orfraie que poussent les défenseurs du chef de l’État face aux propos du Premier ministre malien par intérim ne sauraient cacher la réalité : Bazoum Mohamed n’a eu que ce qu’il mérite. Bamako a juste amplifié un débat qui n’est jamais clos dans notre pays, à savoir le doute sur l’authenticité de la nationalité nigérienne d’origine du président de la République.