Tout observateur sensé qui entend qu’un ‘’conseil des Sages’’ de la CEDEAO a pour mission de faire revenir le Mali, le Burkina Faso et le Niger dans les rangs de l’organisation régionale, qu’ils ont, en toute lucidité et responsabilité, déserté il y a tout juste quelques mois, devrait être dubitatif, voire sceptique quant à la réussite de cette démarche hasardeuse.
Pour le moins, il faut croire que les initiateurs de cette utopie ne doutent de rien !
Quelle serait donc, aux yeux de la planète toute entière, la crédibilité d’Assimi Goïta, Ibrahim Traoré et Abdourahamane Tiani, les trois chefs d’Etat des pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel ? Tant bien même qu’ils seraient tentés d’obéir aux voix des sirènes, ils ne pourront, en aucun cas, mettre à exécution un plan de retour au statu quo ante. Pour la bonne raison que les peuples, les véritables souverains, s’y opposeraient fermement. Par tous les moyens, à leur portée. Durant les longs et interminables mois des sanctions inhumaines, illégales et absconses, ils en ont vu de toutes les couleurs et stoïquement, héroïquement, ont su affronter la bourrasque. Tout cela pour rien ? Tout cela au compte pertes et profits ? On oublie tout et on rechemine ensemble bras dessus, bras dessous ? Au son de quelle musique ?
Ne rêvons pas. Ayons les pieds sur terre. Même si par mégarde la CEDEAO, prise de remords se décidait à trouver les voies et moyens à indemniser les Etats ayant eu à subir sa facétie dramatique, rien qu’à l’idée de collaborer dans cette instance régionale avec des boute-feux comme Bola Tinubu, Patrice Talon et Alassane Ouattara, un blocage irrépressible empêcherait toute décrispation dans le sens souhaité.
Cependant, il n’est pas totalement exclu que la CEDEAO puisse se débarrasser de son label de vassal des Occidentaux, pour revêtir le costume tout neuf et honorable de ceux qui luttent pour raffermir leur souveraineté. Des actions concrètes, et non des paroles mielleuses seules, peuvent inciter les avant-gardistes de la totale lutte de libération de l’Afrique à prêter une oreille attentive aux propositions du ‘’Conseil des Sages’’. Au fait : sages en quoi ?
Ont-ils seulement entendu les cris de détresse des Nigériens, Burkinabès et Maliens, quand ceux-ci se faisaient massacrer par des bandes armées (par qui ?) des années durant ? Plus d’une décennie ? Au lieu de développer une empathie immédiate envers ceux qui souffrent ainsi, ils ont osé parler d’une ‘’farce’’ en attente ! (Pas force, mais bel et bien farce en attente), suivant le contexte d’alors.
L’extrême méfiance doit être de mise, tant l’initiative parait saugrenue, ou, à tout le moins, irréel. A tel point que l’on est fondé de croire à une gesticulation pour détourner l’attention des trois preux chevaliers de l’AES de l’essentiel de leur mission de reconquête de leur souveraineté et de toutes les inductions que cela entrainerait. C’est de bonne guerre, soit ! Mais qui peut tomber dans un piège aussi grossier ?