C’est désormais chose faite ! Les ministères des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont tous adressé leur préavis de retrait de la CEDEAO au Secrétaireexécutif de la Commission de l’organisation, coupant ainsi l’herbe sous les pieds de cette dernière qui voulait engager une polémique inutile autour de la note verbale en date du 29 janvier 2024 du Burkina Faso annonçant le retrait groupé des trois (3) pays.
Selon la Commission, ‘’la note verbale transmise par le ministère burkinabè ne représente une notification formelle de retrait que pour le Burkina Faso, et non pas pour une autre partie au Traité de la CEDEAO’’.
Le ministre Burkinabè a adressé sa note à la structure technique de l’organisation d’intégration communautaire ouest africaine au nom des trois (3) pays d’autant que la décision de retrait a été mûrement réfléchie et annoncée de manière concertée le même jour.
C’est pour rompre toute polémique improductive autour de la décision souveraine prise par les trois (3) pays de se retirer ‘’sans délai’’ de l’organisation communautaire que le Mali et le Niger ont, à leur tour, transmis leurs préavis à la Commission. La cause est entendue.
Concernant le respect des dispositions de l’article 91 du Traité révisé de la CEDEAO par les trois (3) pays sortants, cela aussi ouvre un autre débat au regard des circonstances difficiles qui les ont poussés à la rupture. Mais là n’est pas l’objet de nos propos ici.
Le divorce est désormais totalement consommé avec les préavis adressés par tous les trois (3) pays au Secrétaire exécutif de la CEDEAO et il est irréversible, à en croire le capitaine Ibrahim Traoré, chef d’Etat du Burkina Faso.
Mais c’est une décision gravissime, car présentant des avantages et des incidences négatives réelles qui méritent d’être expliqués par les autorités de transition militaire aux populations des trois (3) pays afin qu’elles sachent à quoi s’en tenir dans les mois et les années à venir.
Cette démarche est impérative voire urgente pour dissiper les inquiétudes qui commencent à se manifester surtout dans notre pays où les autorités de la transition communiquent encore très peu.
Elle permettra de rassurer les populations sur le bien-fondé du retrait de nos trois (3) pays de la CEDEAO et de renforcer leur adhésion à leur vision commune par rapport aux enjeux du Liptako-Gourma, ayant conduit à la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AEC).
Le talon d’Achille des autorités nigériennes
Le retrait surprise de la CEDEAO de nos trois (3) pays a pris de court toute la communauté internationale. Alors que nul ne s’y attendait, c’est la toute première fois que l’organisation connaît ce genre de séisme depuis sa création en 1975 par des chefs d’Etats majoritairement militaires. Et ce qui a conduit à cette extrémité, c’est l’attitude génocidaire de la CEDEAO vis-à-vis des peuples burkinabè, malien et particulièrement nigérien, au motif que des militaires ont renversé des régimes ‘’démocratiquement’’ élus dans les trois (3) pays.
Le retrait de ‘’l’organisation qui a perdu son âme’’ étant irréversible, les autorités de transition de ces pays doivent sortir régulièrement pour éclairer leurs concitoyens sur les tenants et les aboutissants de leur décision. Mais aussi les mesures qu’elles envisagent pour atténuer les incidences négatives du retrait de la CEDEAO.
Au Burkina Faso et au Mali, cet exercice est mené avec bonheur en vue de rassurer les populations. En guise d’illustrations, suite à l’annonce du retrait de la CEDEAO, le capitaine Ibrahim Traoré en personne s’est livré au jeu de questions – réponses avec le journaliste Alain Foccart pour expliquer à la face du monde la dynamique irréversible dans laquelle sont engagés les trois (3) pays à travers la création de l’AES. Des concertations sectorielles de haut niveau sont organisées avec les acteurs essentiels dont les activités pourraient être impactées par la décision.
La même approche est observée au Mali où le Premier ministre Choguel Maïga et ses ministres des Finances, des Affaires étrangères et du Commerce, ont rencontré la semaine dernière, les opérateurs économiques du pays pour les sensibiliser sur les impacts positifs et négatifs du retrait de leur pays de la CEDEAO. Les effets induits ont été expliqués par les ministres ainsi que les actions envisagées pour atténuer les difficultés qui ne manqueraient pas de surgir.
Ici, chez nous, depuis l’annonce officielle du retrait de notre pays de l’organisation par le colonel-major Abdramane Amadou, porte-parole du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), le volet communication sur les implications de la décision est laissé à la rue et aux réseaux sociaux, donnant lieu à des spéculations fantaisistes de toutes sortes.
Malheureusement, depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023, nous sommes dans cette situation fâcheuse. Le CNSP et le gouvernement communiquent peu, suscitant du coup des inquiétudes légitimes au sein des populations – écrasées par le poids des sanctions illégales et sauvages de la CEDEAO – quant à la viabilité et la fiabilité du nouveau chemin sur lequel ils nous conduisent.