L’initiative du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), visant à modifier les textes régissant la Cour d’État pour habiliter la société civile à introduire des recours contre le retrait des troupes américaines du Niger, si elle est avérée, est une manœuvre stratégique risquée.
Cette stratégie, s’apparentant à une manœuvre d’échecs dans laquelle le CNSP se place en spectateur plutôt qu’en acteur direct, a le potentiel de bouleverser les relations diplomatiques avec les États-Unis. Laisser la société civile devenir l’avant-garde d’une telle décision est une démarche qui pourrait protéger le CNSP des foudres de Washington, les faisant apparaître comme un corps répondant simplement aux aspirations populaires, faisant ainsi du retrait des troupes américaines du Niger une affaire juridique plutôt qu’un affrontement direct entre gouvernements.
Toutefois, comme le soulignait Machiavel dans “Le Prince’’, “il n’y a rien de plus difficile à prendre en main, de plus périlleux à conduire, ou de plus incertain dans son succès, que de prendre la tête de l’introduction d’un nouvel ordre des choses.” La prudence devrait donc guider le CNSP, car en donnant plus de pouvoir à la société civile, il s’expose à un risque latent. Une société civile galvanisée et dotée de nouveaux outils légaux pourrait se retourner contre ceux-là même qui lui ont accordé cette force. En ouvrant les portes de la Cour d’État à ces acteurs, le CNSP pourrait involontairement semer les graines d’une contestation future plus organisée et juridiquement armée.
La situation rappelle les mots de Thomas Jefferson : “Je sais qu’aucun homme n’est libre s’il n’est pas maître de lui-même.” Le CNSP, en encourageant une intervention de la société civile, pourrait involontairement déclencher une évolution démocratique, transformant leur stratégie de protection en un catalyseur de changement politique profond.
En conclusion, si la démarche du CNSP à court terme peut sembler astucieuse, son impact à long terme pourrait dépasser leurs attentes et transformer l’ordre politique au Niger de manière irréversible. Le CNSP, en envisageant de donner à la société civile, et donc le peuple, le pouvoir de défier des puissances étrangères et de contester les actions du gouvernement devant la justice, joue avec le feu de la liberté et de la démocratie.