Humiliation et revanche
Pour avoir été directeur de cabinet-adjoint du président de la République, Ibrahim Yacouba connaît bien le régime en place, il a fait ses premières armes politiques aux côtés du camarade Issoufou. Il a aussi connu ses premières humiliations politiques sous le toit tarrayiste. « Dans son obsession morbide d’assurer son auto- promotion, M Ibrahim Yacouba a poussé le ridicule au point de promouvoir le port d’un bonnet particulier utilisé par ses partisans comme un véritable signe de ralliement, symbole d’une dissidence rampante », lit-on dans la déclaration d’exclusion produite par le Comité Exécutif National du PNDS-Tarraya réuni en session extraordinaire le mardi 25 août 2015. Cela appartient au passé, Ibrahim Yacouba a pris sa revanche sur les Tarrayistes en se hissant dans le top 5 des leaders politiques nigériens. C’est clair, le patron du MPN-Kiishin-Kassa s’est constitué une solide implantation politique. Au passage, il a remis le couvert avec le PNDS-Tarraya en 2016. Ces nouvelles noces lui ont permis d’occuper le fauteuil de ministre des Affaires étrangères avant de rompre à nouveau avec les camarades. Candidat malheureux à l’élection présidentielle du 27 décembre 2020, Ibrahim Yacouba veut encore basculer dans la majorité présidentielle.
Albadé Abouba, le parrain
Ce 14 avril, à l’occasion de la séance plénière de l’Assemblée nationale, nombre d’observateurs ont attendu la déclaration de ralliement du MPN Kiishin-Kassa à la majorité au pouvoir. Il n’en a pas été ainsi. Selon nos sources, le parti d’Ibrahim Yacouba a demandé et obtenu que lui soit accordé un temps pour consulter les membres de son instance dirigeante. Le MPN-Kiishin-Kassa veut peser le ‘’pour et le contre’’ d’un éventuel basculement dans le camp présidentiel. Et c’est chose faite à l’issue d’une réunion du Bureau Politique de MPN-KiishinKassa hier jeudi 14 avril. Le bureau politique a-t-il acté le ralliement du parti à la majorité présidentielle ? Tout le laisse penser…À noter que cette fois-ci, Ibrahim Yacouba n’est pas en ‘’négociation directe’’ avec les Tarrayistes, il s’est plutôt offert le ‘’parrainage’’ d’AlbadéAbouba. D’une certaine manière, le patron du MPR-Jamuhria joue l’entremetteur entre le MPN-Kiishin-Kassa et les Tarrayistes. Cela ne trompe personne, il y a une ‘’convergence d’intérêts’’ entre AlbadéAbouba et Ibrahim Yacouba. Autant le premier poursuit mordicus son rêve de devenir « président du Sénat », autant le second a impérativement besoin des ors de la République pour se requinquer. Question : l’ex ministre des Affaires étrangères mesure-t-il les conséquences désastreuses sur son image politique que pourrait engendrer son ralliement au pouvoir en place ?
Le va-et-vient de trop ?
Ces dernières années, Ibrahim Yacouba a fortement gagné en popularité, en témoigne son score pour le moins flatteur lors de la dernière élection présidentielle (5,38 % des voix). Cette belle progression dans le cœur des électeurs, le leader du MPN – Kiishin-Kassa la doit à ses prises de position par rapport à la gouvernance du régime en place. Le jour de son investiture par son parti comme candidat à la présidentielle (16 décembre 2019), Ibrahim Yacouba a promis à ses militants de : « mettre fin à un système qui a montré toutes ses limites et a réduit les Nigériens à l’état de survie. » Et d’ajouter : « (…) je me battrai de toutes mes forces, de toute mon énergie, pour que vous soyez fiers de moi. Si j’avais plus d’une vie, je vous jure que je les mettrai toutes ensemble pour me battre pour mon pays. » Ces propos ont fait mouche dans l’assistance et même au-delà. Revenir dans le giron de la majorité présidentielle, c’est rompre le serment fait à tous ceux qui ont apporté leurs voix au MPN-Kiishin-Kassa. Ibrahim Yacouba a-t-il cons-cience des ravages politiques qu’il risque de s’auto infliger en retournant avec les Tarrayistes ? Pour beaucoup d’observateurs, c’est le va-et-vient de trop. Celui qui risque de dynamiter la carrière politique d’Ibrahim Yacouba.