‘’Un État de droit est celui dont le droit protège n’importe lequel de ses habitants de l’arbitraire de l’État. C’est un État où l’État est subordonné à des règles juridiques qui lui sont supérieures et qui s’imposent à son action. C’est un État dont les citoyens sont en sûreté parce qu’ils sont assurés de ne pas être livrés aux abus de pouvoir étatiques. C’est en somme un État où l’État ne fait pas la loi’’, dit-on.
Au regard de cette norme, le Niger a cessé d’être un État de droit. Avec les atteintes répétées à la liberté d’expression, aux libertés collectives et individuelles, à l’interdiction systématique de manifester, une justice instrumentalisée, l’exception y est devenue la règle. Désormais, sous la Renaissance, la volonté des gouvernants, c’est ça la loi. Les Renaissants pourront n’importe quand, n’importe où et contre n’importe qui, en prétextant n’importe quoi, mettre en cause notre liberté, notre droit à l’égalité devant la loi. Et le faire sans avoir à s’en justifier. C’est le cas de l’offensive judiciaire lancée contre Abdoulaye Seydou, coordonnateur de M62, une voie critique du régime qui croupit en prison pour des faits présumés de complicité d’incendie volontaire.
L’Histoire nous l’a appris, les dispositions liberticides sont une gangrène qui finit par contaminer tout le corps légal, institutions, administrations… Dès qu’une atteinte aux libertés se produit, elle s’étend, et dépasse progressivement les limites initialement fixées. Aujourd’hui, c’est ce que nous vivons sous la Renaissance où l’on sacrifie l’idéal démocratique, l’on piétine les libertés des autres juste pour tenter de conserver un pouvoir usurpé. Mais jusqu’à quand ?
Aussi, nous ne pouvons pas nous contenter de rejeter la faute sur ceux qui commettent ces atteintes à nos libertés. Nous devons aussi interpeller cette indifférence, cette démission collective des Nigériens, qui l’a permis. Les apprentis sorciers qui ont ouvert cette boîte de Pandore liberticide se rassurent en se disant ne pas être concernés. Mais qui pourrait jurer que, demain, le système que vous avez mis en place ne pourrait pas se retourner contre vous ? Alors méfiance…