La construction de routes est un élément essentiel dans le développement d’un pays. Et si au Niger on note des efforts sur la mise en place de nouvelles routes, on se rend compte que cela n’est pas totalement désintéressé. Multiplication des marchés de gré à gré, versements de commissions, surfacturations, dessous de table… les appels d’offres donnent lieu souvent à des tours de passe-passe entre entreprises et décideurs, à des violations des normes de transparence et d’équité. Sous la Renaissance, le Code des marchés publics et délégations de services publics est loin d’assurer l’efficacité de la dépense publique. Les surfacturations des marchés publics coûtent très chers au Trésor public, elles sont évaluées à plusieurs centaines de milliards de francs CFA. Elles ont également des incidences sur la qualité des ouvrages.
Le 20 octobre 2020, le président Issoufou Mahamadou avait procédé au lancement des travaux de réhabilitation de la route Tahoua – Abalak, confiés à l’entreprise MBC-BTP. Ces travaux ont été facturés à 85 milliards de francs CFA pour 135 km, soit environ 630 millions de francs le kilomètre. Un coût jugé non justifié par les experts.
Les surfacturations, le régime actuel en a fait sa spécialité. Pour rappel, le nouvel avion présidentiel, réceptionné le 31 août 2014 à Niamey et baptisé ‘’Mont Greboun’’, un aéronef de seconde main de 24 places, a été surfacturé à 20,8 milliards de francs CFA alors qu’à sa sortie d’usine, en 1998, il ne coûtait que 16 milliards de francs CFA. Les travaux de réhabilitation de la route Dogondoutchi–Birni N’Konni–Tsernaoua, y compris 10 km de voiries dans la ville de Birni N’Konni, ont connu le même sort. Ce marché a été facturé à 78. 540.595.119 francs CFA TTC. De l’avis de techniciens des travaux publics, ce montant est tout simplement fantaisiste. Ils estiment qu’un montant de 40 milliards de francs aurait suffi pour couvrir toutes les dépenses liées aux travaux de réhabilitation de la route Dogondoutchi-Konni-Tsernaoua y compris les impôts, droits et taxes applicables.
Les infrastructures routières sont de grosses pourvoyeuses de commissions, aussi elles sont généralement surfacturées. On ne s’encombre pas de scrupules quand il s’agit de s’en mettre plein les poches. C’est pourquoi la Renaissance n’aime pas assurer la transparence dans l’attribution des marchés publics. Entre irrégularités et marchés passés de gré à gré, la dette de l’Etat s’est amplifiée. Les surfacturations et le système de commissions ont un effet négatif sur le climat des affaires et les investissements dans l’économie nationale. L’absence de « peur du gendarme » ne fait que donner des ailes aux moins vertueux.